Les médias en ce moment me demandent souvent ce que je ferais si j'étais à la place d'Emmanuel Macron. Peut-être le demandent-ils parce qu'ils sentent que le vent tourne en faveur de notre camp… Quoi qu'il en soit, l'hôpital public n'en serait pas là et il est certain que je ferais tout, sauf maintenir le carcan autoritaire qu'impose votre stratégie moyenâgeuse. Il est certain que je ne serais pas occupé à faire voter, pour la troisième fois, une prolongation de l'état d'urgence, en prétendant qu'instaurer un état d'exception, imposer des couvre-feux, et donner tout pouvoir à un conseil de défense résoudra efficacement nos problèmes. Contrairement à vous, après avoir accumulé erreurs, improvisations, volte-face, comme lors de la mauvaise série de la semaine dernière, j'aurais au moins l'humilité, dans une telle crise, d'écouter un peu les suggestions des autres, même ceux qui appartiennent à l'opposition, en laissant une véritable place à un débat à l'Assemblée, et en arrêtant de traiter de polémiques leurs propositions.
Attention, chers collègues, l'être humain supporte mal les épées de Damoclès, comme il supporte mal d'être traité de manière répétitive comme un petit enfant inconséquent, quand bien même nos 66 millions de soi-disant procureurs – ou plutôt de victimes – font en réalité preuve d'une gentillesse et d'une responsabilité incroyables : monsieur Macron l'aurait-il oublié ? L'être humain est surtout un être social, dont les besoins alimentaires ne se restreignent pas à boire et à manger, et certainement pas à boire, à manger, et à aller bosser.
Cette stratégie chaotique et liberticide n'est plus gérable. La situation n'est plus tenable. Ce n'est pas en prolongeant une énième fois ces pleins pouvoirs que vous améliorerez la situation du pays, ni au niveau sanitaire, ni au niveau économique, ni au niveau humain ou démocratique.
Si j'étais à la place d'Emmanuel Macron, en sus d'abandonner mes mauvaises habitudes de monarque, je clarifierais et je changerais immédiatement de stratégie, en organisant la société par roulement, afin de limiter au maximum les contacts mais sans écraser nos besoins sociaux, nos besoins culturels, nos besoins affectifs. Cela nécessite, certes, une planification et une organisation, mais les acteurs sociaux pourraient largement y contribuer si telles étaient les consignes.
Je ferais en sorte que les masques ne soient plus distribués au compte-gouttes, mais gratuitement, comme ils auraient dû l'être dès les premiers signes épidémiques, pour éviter d'en faire un objet discriminant pour les plus démunis et pour ne pas accroître les inégalités, ni la propagation de la maladie.
Je me préoccuperais de recruter des soignants et du personnel pour les hôpitaux et les EHPAD, en leur donnant les moyens de faire leur travail correctement et en augmentant leurs rémunérations de façon pérenne, plutôt que de continuer à prévoir des centaines de suppressions de lits, comme cela est encore le cas en pleine crise – je pense notamment au projet de l'hôpital Grand Paris-Nord, dans ma circonscription.
Je permettrais le dédoublement de toutes les classes…