Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du mardi 2 février 2021 à 15h00
Prorogation de l'État d'urgence sanitaire — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Avant que soient présentés les amendements de nos collègues visant à supprimer l'article 2, et même si tous les arguments ont déjà été avancés, je rappelle qu'il proroge l'état d'urgence jusqu'au 1er juin. Je m'inscris dans le prolongement des propos que tenait tout à l'heure notre collègue de Courson : même si la décision n'est pas encore arrêtée, au mois de juin sont censées se tenir rien moins que des élections régionales et départementales. Adopter l'article en l'état, sans se donner la possibilité de discuter d'ici là de la nécessité de proroger ou non l'état d'urgence et d'en décider collectivement, c'est en vérité s'empêcher d'organiser les élections.

Car enfin, comment planifier des élections sans un moment de délibération ? Je rappelle que les élections ne se limitent pas au jour du vote : une élection n'est démocratique que dans la mesure où il est possible d'échanger des arguments pendant les semaines qui précèdent le scrutin. On appelle cela faire campagne. Or comment fait-on campagne, dans notre bon et vieux pays ? On tient des réunions dans des cafés – ils sont fermés. On organise des réunions et des événements publics – c'est impossible. On fait du porte-à-porte pour discuter avec les citoyens – chacun sait qu'à l'heure actuelle, tout cela est très difficile, voire impossible.

Quelles conséquences en tirons-nous ? Ce vote ne doit pas être pris à la légère. Nous devons échanger nos arguments de façon rationnelle. Or on voit au contraire, comme cela a été dit précédemment, se développer une très mauvaise pédagogie : nous nous habituons à ce que des décisions emportant la convocation ou non du peuple souverain soient laissées entre les mains d'une minorité, alors que c'est dans cet hémicycle qu'elles devraient être prises. C'est ici que nous devrions en débattre, quitte à prendre peut-être des décisions difficiles.

C'est la raison pour laquelle on ne saurait adopter cet article, à moins de bafouer la démocratie. Je le répète : nous ne pouvons décider de convoquer ou non de 45 millions de Français aux urnes qu'à condition de disposer de tous les éléments nécessaires. Une fois de plus, la légèreté avec laquelle cette assemblée s'apprête à prolonger l'état d'urgence sanitaire montre que ces élections sont ramenées à peu de chose. C'est assez inquiétant.

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