Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du mercredi 3 février 2021 à 15h00
Respect des principes de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

L'islamisme a déclaré la guerre à la France. Le meilleur hommage que nous puissions rendre aux nombreuses victimes du terrorisme, de l'attentat de Charlie Hebdo à l'égorgement de Samuel Paty, serait d'agir vite et de passer des larmes aux actes. Car, comme le disait Clausewitz, la guerre exclut la modération : « on la gagne ou on la perd ». Nous ne sommes pas opposés seulement aux auteurs des attaques, mais aussi, surtout, à leurs inspirateurs, qui insidieusement propagent un nouveau fascisme religieux gangrenant tous les principes de notre République.

Monsieur le ministre de l'intérieur, à l'annonce de votre projet, qui nommait le mal – le séparatisme islamiste – , j'ai cru enfin à une prise de conscience susceptible d'aboutir à de vraies décisions. Malheureusement, malgré des dispositions de bon sens, bien évidemment – qui d'ailleurs auraient dû être prises depuis vingt ans – , j'ai très vite compris que ce texte n'était pas du tout à la hauteur du défi historique qui nous est lancé. Alors que plus de la moitié des jeunes de confession musulmane estiment que la charia doit s'imposer aux lois de la République, votre président a, une fois de plus, la main qui tremble, votre majorité renâcle, votre gouvernement temporise. Quelle occasion manquée !

Votre projet manque à la fois de force et d'espérance. Il ne donne pas la force d'interdire les financements étrangers des lieux de culte, ni de refuser que des États étrangers deviennent propriétaires de mosquées. Est-il normal que la Turquie de M. Erdogan possède une bonne partie des 350 lieux de culte dont les fidèles ont des attaches en Turquie ? Pourquoi avez-vous refusé d'interdire la vente de tout lieu de culte à des États étrangers ? Comment bâtir un islam de France dans ces conditions ?

Votre texte ne donne pas la force d'expulser les organisations islamistes qui remettent en cause nos principes républicains. C'était le sens de ma proposition de loi visant à pénaliser la prédication subversive et séditieuse. Oserez-vous, monsieur le ministre, dissoudre les trois organisations qui refusent de signer votre charte, laquelle va dans le bon sens ? Ce texte vous en donnera-t-il les moyens ?

Il faudrait aussi avoir la force de cesser de rapatrier des djihadistes et leurs familles de Syrie alors qu'ils se sont exclus de la communauté nationale en nous déclarant la guerre. De même, cessez de faire preuve d'angélisme et de naïveté à l'égard des terroristes occupant nos prisons : ils doivent être isolés plus longtemps et plus loin !

Enfin, ce projet de loi ne donne pas la force d'arrêter la submersion migratoire – selon le mot de votre prédécesseur, Gérard Collomb – , laquelle rend totalement impossible l'assimilation des populations étrangères arrivées ces dernières années dans notre pays. Oui, il faut oser supprimer le droit du sol, et suspendre un temps le regroupement familial, si l'on veut redonner une cohésion à la nation.

Mais croire que l'on pourra contenir l'islamisme par la seule loi, voire par la seule force, reviendrait également à s'abandonner à une illusion. Il faut offrir à notre jeunesse une espérance. Si les prédicateurs ont tant de succès auprès d'une jeunesse déracinée, en quête de repères, c'est bien parce que notre modèle républicain est à bout de souffle. On demande à la jeunesse de s'assimiler, mais à quoi ? À l'exception du culte d'un argent roi, inaccessible, que leur offrons-nous ? La nation a été abandonnée au profit de la bureaucratie et du jeu des lobbies à Bruxelles ; notre démocratie est dévoyée par les oligarchies qui ne défendent que leurs intérêts ; les inégalités de naissance ou de parcours ont explosé ; l'école de la République a remplacé l'apprentissage de notre histoire, de la citoyenneté et de la laïcité par le culte permanent de la repentance. Comment faire barrage à l'islamisme si vous renoncez concrètement à appliquer et respecter nos valeurs ? Comment demander à notre jeunesse de vibrer pour notre devise « liberté, égalité, fraternité » si vous lui ôtez son sens, en faisant dès aujourd'hui, avec ce projet de loi, votre soumission – comme le cauchemardait Michel Houellebecq dans le livre du même nom dont je vous recommande la lecture.

Je conclurai sur l'égalité entre les hommes et les femmes : beaucoup de discours, mais où sont les actes ? Vous avez refusé l'amendement de Mme Bergé, le jugeant irrecevable car sans rapport direct avec le texte. Quelle preuve de soumission, justement ! Dans un texte censé combattre le séparatisme et affirmer les principes de la République, vous renoncez à interdire la preuve la plus éclatante de séparatisme, qui consiste à voiler des fillettes avant qu'elles n'aient appris à lire, à compter, à parler voire, pire, à marcher.

1 commentaire :

Le 06/03/2021 à 11:18, Laïc1 a dit :

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Une fillette n'a pas le droit de mettre un voile ? Pour quelle étrange raison ? En revanche, la circoncision religieuse sur bébé, pas de problème.

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