Après l'horreur de la décapitation du professeur Samuel Paty parce qu'il enseignait à ses élèves la liberté d'expression, ainsi que le droit de caricaturer et de blasphémer, après le cruel assassinat de croyants catholiques à Nice en raison de leur foi, après les centaines de victimes de terroristes islamistes, après Mohamed Merah, Charlie Hebdo, l'Hyper Casher, il était grand temps de prendre à bras-le-corps la lutte contre l'islamisme.
Même si nous accueillons favorablement l'examen de ce projet de loi indispensable, qui comporte de véritables avancées sur la neutralité dans le service public – objet de l'article 1er – , sur la protection des agents du service public, avec le délit de séparatisme, sur la lutte contre les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés, sur la lutte contre la haine en ligne ou encore le contrôle des financements étrangers des associations cultuelles, force est de constater que sa rédaction ne va pas assez loin.
Faute d'aborder, pour des raisons parfois bassement politiques ou pour ne pas courir le risque d'inconstitutionnalité, des sujets fondamentaux, le texte se prive de la possibilité de lutter efficacement contre le fondamentalisme islamiste, terreau du terrorisme. Oui, en évitant soigneusement ces sujets fondamentaux que sont l'immigration, la radicalisation en prison, à l'université, à l'école publique, l'interdiction des signes religieux ostentatoires pour les fillettes, pour les accompagnants de sortie scolaire ou encore en entreprise et, bien entendu, la formation – grande absente d'un projet de loi censé conforter les principes républicains – , en ne nommant pas l'ennemi, il rate sa cible et provoque des dommages collatéraux.
La peur de nommer les choses n'est pas un programme politique. Notre ennemi, c'est l'islamisme politique, radical et séparatiste. Quels risques prenons-nous à le cibler ? Celui de vexer les Français de confession musulmane ? Certainement pas : en nommant l'islamisme, on ne peut que contribuer à le distinguer toujours mieux de l'islam.
Monsieur le ministre, conforter les principes républicains, ce n'est pas constamment restreindre nos libertés. C'est aussi former et transmettre ces principes. Les associations devront s'engager par un contrat à les respecter, mais je regrette qu'on ne leur propose aucune formation. Le milieu sportif est particulièrement concerné par l'entrisme islamiste. Or il n'y a toujours aucune formation pour les éducateurs sportifs. En revanche, vous stigmatisez des familles entières qui instruisent leur enfant à domicile. Ce faisant, vous bafouez la liberté d'instruction qui a valeur constitutionnelle, alors même qu'aucune preuve n'établit le lien entre instruction en famille et radicalisation.
Vous nous rétorquez que les dispositions efficaces que propose le groupe Les Républicains seraient inconstitutionnelles, mais, paradoxalement, vous avez refusé la réforme constitutionnelle visant à consacrer la prééminence des lois de la République sur la foi que nous vous proposions dans notre niche parlementaire.
Bref, ce projet de loi n'est pas à la hauteur des enjeux.