Intervention de Cécile Untermaier

Séance en hémicycle du mercredi 3 février 2021 à 15h00
Respect des principes de la république — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCécile Untermaier :

Souscrivant à l'argumentation développée par Laurence Vichnievsky, notre groupe votera contre ces amendements. Je ne fais pas le procès de leurs auteurs, car notre assemblée est un lieu de débat, où toutes les positions doivent pouvoir s'exprimer. Pour ma part, je ne cherche pas à convaincre mes collègues et je suis satisfaite de voir qu'une grande partie des députés s'accorde à penser qu'il y a d'un côté l'usager et, de l'autre, la personne engagée dans une mission de service public.

On a évoqué la loi de 2004 et le dispositif dérogatoire se justifiant parce qu'il s'agit d'enfants, d'apprentissage et de personnes vulnérables. Ce n'est plus du tout le cas dans une université, et je trouve assez outrageant pour les universitaires que l'on puisse estimer qu'ils ne sont pas capables de maîtriser cette situation. C'est lorsqu'il y a des dérives – que nous n'acceptons pas plus que vous, car nous ne sommes ni dans l'angélisme, ni dans la volonté de couvrir des dérives – que nous devons agir, en faisant en sorte que les universités aient les moyens de résister à des pressions inacceptables provenant, le cas échéant, d'un islamisme radical que nous voulons combattre.

Enfin, n'oublions pas que l'université est le lieu de l'expression, de la liberté et de la connaissance. On ne peut pas prendre en otage des personnes désireuses d'étudier en les renvoyant à une origine, un comportement ou un habillement qu'on ne jugerait pas tolérables. La France, ce n'est pas cela. L'université, c'est l'ouverture à l'international, c'est la vocation à ouvrir les frontières et les esprits, et il me paraît contraire à ces principes d'envisager une interdiction du voile à l'université qui, de toute façon, ne résoudra pas le problème que vous cherchez à résoudre.

Si votre objectif est d'éviter les dérives, travaillons ensemble sur ces questions, mais laissons les étudiants libres, pour qu'ils viennent en confiance à l'université. S'ils sont musulmans et portent un voile, en quoi cela nous gêne-t-il ? En réalité, nous sommes en 2021, et vous posez la même question depuis 2004, suggérant que le problème est sans fin. À supposer que vous obteniez l'interdiction du voile à l'université, vous demanderiez ensuite son interdiction dans l'espace public, dans la rue, sur le trajet entre le domicile et l'université. Nous devons absolument rester raisonnables.

Avec ce texte, nous visons à nous rassembler autour des principes républicains ; nous voulons défendre à travers lui un langage commun nécessaire pour vivre ensemble dans la société. Nous ne pouvons pas en commencer la rédaction par une interdiction qui revient à attribuer une mauvaise note à une partie de la population.

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