Il n'est pas courant que nous défendions des amendements identiques à ceux du groupe La France insoumise, mais nous nous interrogeons sur le dispositif de l'alinéa 4 de l'article, d'abord parce que, d'une façon générale, nous préférons que les décisions du juge ne soient pas implicites, mais expresses, surtout lorsqu'il s'agit d'une inscription dans un fichier fort utile, dont nous souhaitons qu'il soit utilisé à certaines fins.
Je sais qu'en tant que garde des sceaux, vous ne pouvez plus en convenir, mais il peut arriver qu'une décision de mise en examen soit discutable : si nous voulons améliorer l'efficacité de ce fichier, conditionner l'inscription au fichier à la seule mise en examen, sans que le juge ait à la motiver, nous paraît d'autant plus délicat que cela sera source de contentieux.
Dans l'état actuel du droit, c'est le juge qui prend la décision d'inscription au fichier s'il l'estime nécessaire pour éviter la réitération de l'infraction. Il s'agit d'une décision explicite, susceptible de recours, et c'est parce qu'il y a un acte positif du juge qu'il y a un recours. Là ce serait l'inverse : il faudrait que le magistrat motive son opposition à l'inscription au fichier. C'est cette décision qui serait susceptible d'être contestée, et qui serait susceptible de former un tel recours, sinon l'État ? Cela nous pose problème.
En cohérence avec les amendements que nous présenterons par la suite, et comme nous souhaitons que l'État puisse prendre des actions sur la base du FIJAIT, il nous semble que la mise en examen, qui survient parfois de façon très aléatoire ou peu fondée – j'espère que ce n'est pas le cas dans le domaine antiterroriste, mais ce peut l'être dans d'autres occasions – ne justifie pas, à elle seule, une inscription automatique au fichier.