Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, en 2013, jeune député de l'Isère, vous rédigiez un rapport intitulé « La filière du sang en France ». Outre la détermination des besoins nationaux et des réponses à leur apporter, vous deviez réfléchir à l'équilibre économique de la filière. Vous aviez alors fait le choix d'une concertation large avec l'ensemble des acteurs – professionnels, usagers, associations.
Mais ça, c'était avant ! Maintenant, vous êtes ministre du nouveau monde, et la concertation, ce n'est plus trop votre truc. Vos politiques sont à l'opposé de vos intentions d'alors : les acteurs de l'Établissement français du sang sont exclus du Ségur de la santé, alors que leurs métiers ne sont ni suffisamment valorisés, ni justement rémunérés. Pire encore, un dimanche, vous promulguez un décret qui ampute le budget de l'EFS de 10 millions d'euros – mais c'était sans compter sur l'oeil avisé de la présidente du groupe Socialiste, Valérie Rabault.
Ce service public était convalescent ; vous êtes en train de l'euthanasier en fragilisant ses personnels comme les associations de donneurs. Pourtant, les défis sont devant nous : la disparition des points de collecte est devenue insupportable, alors que les donneurs sont au rendez-vous. Il vous faut maintenant favoriser le recrutement de nouveaux médecins, devenus rares dans nos territoires – ils disparaissent dans l'Aisne, mon département. Il vous faut massifier la formation des infirmiers à l'entretien préalable au don, et travailler à maintenir les collectes grâce à la télémédecine.
Monsieur le ministre, s'il n'est pas rare que vous tourniez le dos à vos convictions et à vos engagements, s'il vous plaît, ne le faites pas avec l'Établissement français du sang, pas avec ses personnels, pas avec nos donneurs. L'organisation de la filière est un modèle de déontologie, le don du sang un symbole du bénévolat ; les donneurs sont la fierté de la France solidaire et désintéressée.