Si la double procuration n'était pas permise jusqu'à présent, c'est parce que le vote est un acte personnel, individuel, entouré d'un certain apparat – à commencer par l'isoloir – qui a du sens. À l'origine, le vote par procuration n'était d'ailleurs autorisé que pour une justification valable – une hospitalisation, par exemple. Il s'est progressivement étendu, si bien qu'on n'hésite plus à donner une procuration parce qu'on est en vacances ou en famille ; en quelque sorte, la procuration a été démonétisée. Le vote est pourtant un acte extrêmement important – nous en convenons tous. D'où mon interrogation : la double procuration est-elle limitée à la période de crise sanitaire, ou a-t-elle vocation à perdurer ? Ne peut-on pas faire différemment ? Pour ma part, je pense que d'autres solutions sont possibles ; je vous ai d'ailleurs soumis une proposition lors de la discussion générale, dont j'espère qu'elle sera examinée avec attention.
Le vote est sacré. Cette sacralisation de la procédure, tous les étudiants en sciences politiques et tous ceux qui ont siégé sur ces bancs savent l'expliquer et connaissent les conséquences qu'elle emporte. Je tiens donc à défendre l'amendement de suppression des alinéas 2 et 3 de l'article 1er bis déposé par mon groupe : il vise à éviter la fuite en avant consistant à banaliser la procuration.