Les premiers médecins avertis des risques psychosociaux au travail sont les médecins traitants et les médecins de famille dont je fais partie. Mon rôle est d'avertir le médecin du travail et surtout pas de prescrire des psychotropes en premier lieu.
Si l'on établit des statistiques sur la prescription de psychotropes chez les salariés, il faudrait aussi s'intéresser aux entrepreneurs. D'après mon expérience, la pression au travail sur les salariés n'est pas seule en cause. La pression est constante et générale ; elle concerne tout le monde – y compris les enfants. Il faut donc recadrer le débat.
On ne pourra pas savoir, compte tenu du secret médical, qui prend ou pas des psychotropes. Ces médicaments sont soumis à une réglementation très particulière : ils ne peuvent pas être prescrits plus de trois mois. Lorsque j'en prescris, je le fais pour une semaine. La prescription d'un arrêt de travail est souvent bien plus efficace dans les problèmes psychosociaux au travail que celle de psychotropes. Nous sommes de plus en nombreux à le faire.