J'ai l'honneur de défendre l'amendement no 2584 , identique à ceux de M. Reda et de Mme la rapporteure, au nom du groupe La République en marche.
Comme vient de le dire Mme Silin, la prévention est indispensable pour venir à bout de ce fléau. Il s'agit ici de la renforcer, à l'école primaire et au collège. On le sait, 38 % des jeunes de 9 à 11 ans sont sur les réseaux sociaux ; 56 % des 11 à 20 ans ont déjà subi des cyberviolences, du cyberharcèlement, été exposés à un contenu haineux ou pornographique. Il faut aussi compter avec les phénomènes d'addiction aux écrans et aux likes, qui peuvent également conduire nos jeunes à des dépressions. Enfin, 24 % des jeunes de 11 à 20 ans disent eux-mêmes avoir été auteurs de cyberviolences.
Il existe déjà des dispositifs de prévention : la police et la gendarmerie font passer aux jeunes, en CM2, un « permis internet ». Je m'adresse aux « gentils trolls » qui se disaient, il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux, opposés à cette idée : une simple recherche sur internet leur indiquera qu'il ne s'agit pas là d'une autorisation d'aller sur les réseaux sociaux, mais d'une formation. Un fascicule est remis une fois que l'élève a suivi cette formation très sérieuse, qui couvre l'ensemble des risques que j'ai évoqués.
Un quart de la classe d'âge, soit 200 000 enfants, passe déjà entre les mains des gendarmes et de la police nationale. Nous voulons généraliser ce type de formation à l'ensemble des enfants de l'école primaire pour planter plus tôt la graine de la citoyenneté numérique. Cela nécessite une inscription dans la loi. Il y a trois ans, nous avons adopté la majorité numérique à quinze ans : il est donc indispensable de commercer la prévention au plus tôt. Au collège, la plateforme Pix n'offre pas une formation assez poussée ; elle offre majoritairement des compétences techniques, et nous voudrions aller plus loin dans la sensibilisation à un usage positif des réseaux sociaux.
Notre collègue Robin Reda, qui préside la mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter, dont je suis rapporteure, a compris, comme moi, qu'il s'agissait non seulement d'un enjeu de santé des jeunes mais aussi un enjeu de démocratie et de vivre-ensemble, car le racisme débridé sur les réseaux sociaux doit être combattu par la prévention. Bien sûr, l'éducation et la prévention ne changeront pas tout ; mais, malgré les efforts que nous avons faits hier soir et ce matin sur la régulation et la répression, il est indispensable de passer aussi par l'éducation.
J'ai donc déposé deux amendements : l'amendement no 2584 , identique à ceux de M. Reda et de Mme la rapporteure, est très précis, mais j'entends bien que ce n'est pas au législateur de définir dans le détail les programmes scolaires. J'ai donc déposé l'amendement no 2585 , sur lequel nous demandons un scrutin public, visant à donner au ministère de l'éducation nationale la flexibilité nécessaire pour s'adapter à l'outil internet et aux risques qu'il présente, car internet évolue très vite.