Cet article conduit à dessaisir les parents de leurs responsabilités et blesse les familles qui ont fait le choix de l'instruction à domicile. Le Gouvernement considère que leur choix n'est pas légitime et le remet en cause comme s'il n'était pas juste. Si le nombre d'enfants en IEF augmente, cela signifie que l'école suscite le rejet, ce sur quoi il faut s'interroger. Pourquoi certaines familles fuient-elles l'école ? La raison tient sans doute à certains quartiers, mais aussi au fait que l'école n'est pas adaptée à tous les enfants. Elle a des lacunes sur lesquelles elle doit travailler : les enseignants non remplacés, les enfants ballottés de classe en classe, le niveau scolaire en baisse, la violence, le harcèlement. Oui, parfois l'école fait fuir et se heurte à des difficultés en milieu rural : lorsque l'école du village ne compte qu'une classe pour les cinq niveaux élémentaires – j'ai évoqué ce sujet lors des questions au Gouvernement – , on préfère faire l'école à la maison, à moins de mettre son enfant dans un établissement privé, quitte à faire une heure de route.
Quant aux enfants qui reçoivent l'enseignement d'un islam rigoriste, sachez qu'en 2015, les trois enfants qui ont refusé de respecter la minute de silence en hommage aux victimes de Charlie Hebdo étaient des enfants de mon école, en classe de CM1, monsieur le ministre : des enfants d'une école de la République ! Ce n'est pas parmi les enfants en IEF que vous trouverez forcément les enfants exposés à l'enseignement d'un islam rigoriste. Pour les trouver, il faut croiser les fichiers de renseignement et non punir tout le monde.