Le nom de la famille ? Son niveau d'éducation ? Son niveau socio-économique ? Son lieu de résidence ? Qu'est-ce qui permettra à votre administration de déterminer si une famille qui dépose pour la première fois une demande d'instruction en famille est capable d'éduquer son enfant à la maison ?
En réalité, vous optez pour une discrimination a priori plutôt qu'un contrôle objectif a posteriori – ce qui, en soi, est déjà une source d'inégalité. Vous n'avez pas proposé le moindre critère d'évaluation, monsieur le ministre. Il ne s'agit pas d'évaluer une volonté, des objectifs, un projet pédagogique, mais une capacité – que vous ne pourrez constater qu'a posteriori. Pour des raisons idéologiques, parce que vous pensez que l'État doit élever les enfants, vous avez décidé de porter un jugement a priori, ne reposant sur aucun critère objectif.
Venons-en aux statistiques. Le chiffre de 62 000 enfants – que vous avancez et qui a été repris par certains collègues – est faux. Du reste, ce n'est pas celui que vous donniez il y a quelques mois. Il est vrai qu'entre-temps, pour faire bonne mesure, justifier votre démarche idéologique et faire peur, vous avez incorporé les élèves qui suivent les cours dispensés – depuis des décennies ! – par le Centre national d'enseignement à distance, le CNED. Parmi les ennemis de la République, en a-t-on trouvé beaucoup de gens qui avaient bénéficié de cet enseignement ?