Il y a un avant et un après covid-19. C'est triste, mais il aura fallu une pandémie pour que votre gouvernement commence à donner raison aux personnels soignants mobilisés, qui tirent la sonnette d'alarme depuis des années sur leurs conditions de travail et sur le manque de moyens et d'effectifs. Ils demandaient déjà une hausse des salaires et l'arrêt des fermetures de lits – oui, c'était avant le covid-19 !
On ne peut plus répéter les mêmes erreurs. Pourtant, c'est ce que vous vous apprêtez à faire car votre gouvernement – les questions précédentes l'ont montré – a décidé de maintenir les fermetures d'hôpitaux et de lits prévues avant la crise. Dans ma circonscription, en Seine-Saint-Denis, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris – AP-HP – souhaite installer un centre hospitalier universitaire – CHU – , l'hôpital Grand Paris Nord, en plein centre-ville de Saint-Ouen. Il serait issu de la fusion de deux hôpitaux, Bichat et Beaujon, voués à la fermeture.
Non seulement la logique de fermeture d'hôpitaux, après l'année que nous avons vécue, est irresponsable, mais en plus, l'hôpital Grand Paris Nord comptera quelque 300 lits de moins que les hôpitaux Bichat et Beaujon réunis. En Seine-Saint-Denis, nous manquons déjà de tout ; devrons-nous être privés encore plus de l'accès à la santé ? Comment imaginer la construction d'une mégastructure hospitalière comptant 300 lits de moins dans une ville appartenant au territoire de Plaine Commune, qui a subi une surmortalité de 182 % par rapport à la moyenne nationale pendant la crise de la covid-19 ? Comment construire une mégastructure hospitalière qui détruira deux autres hôpitaux, dont l'hôpital Bichat qui a joué un rôle central entre Paris et la Seine-Saint-Denis au plus fort de la crise ? Comment construire une mégastructure de 130 000 mètres carrés en plein milieu d'un centre-ville urbain où les transports sont déjà saturés, alors qu'il est en outre prévu que le territoire connaisse une explosion démographique ?
Des collectifs réunissant riverains, élus et personnel soignant ont proposé plusieurs projets alternatifs. D'autres solutions existent : maintenir et rénover les hôpitaux Bichat et Beaujon, construire un troisième hôpital de taille plus modeste à Saint-Ouen, par exemple sur les sites olympiques après les Jeux.
Après la question écrite que je vous ai adressée et qui est restée sans réponse, je vous demande de comprendre, monsieur le secrétaire d'État, qu'il est légitime de remettre en question un projet conçu avant la pandémie de covid-19, et d'accepter le moratoire sur l'hôpital Grand Paris Nord afin que soient sérieusement expertisés les projets alternatifs.