Intervention de Philippe Bolo

Séance en hémicycle du mardi 16 février 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Lutte contre l'illettrisme

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Bolo :

Ils sont 2,5 millions pris au piège de l'engrenage de l'exclusion ; ils sont 2,5 millions à ressentir la crainte du regard des autres et les humiliations d'une situation dans laquelle ils sont enfermés : ils sont 2,5 millions à connaître le fléau de l'illettrisme. J'ai eu la chance de les rencontrer à Ombrée d'Anjou et d'écouter les difficultés quotidiennes de Claudie, d'Yvette ou de Christophe ; j'ai perçu que leur histoire n'a pas été celle qui devrait être réservée à chaque enfant, conjuguant bienveillance, affection et protection. Au-delà des récits froids et sombres de leurs difficultés personnelles et des racines de leur souffrance, j'ai aussi ressenti la chaleur et la lumière de leurs aspirations, de leur détermination à se séparer de ce fardeau, à reconquérir la connaissance des lettres, la signification des mots et des phrases, à s'ouvrir de nouveaux horizons, enrichis par l'écriture et par la lecture. Partout en France, ils sont nombreux à vouloir prendre une revanche, à vouloir rompre avec l'isolement, à vouloir apprendre à lire et à écrire, mais, malgré leur nombre, ils sont freinés dans leur projet.

Madame la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement, cela m'amène à vous interroger sur la politique de lutte contre l'illettrisme. Plusieurs constats révèlent en effet certains points faibles du système actuel : le statut social apparaît comme le principal critère d'accès aux formations, privilégiant les demandeurs d'emploi, les salariés ou les allophones. Cette priorité du statut est sélective, elle écarte d'autres candidats, notamment les femmes au foyer et les retraités. L'offre de formation diffère sensiblement d'un territoire à l'autre ; rare dans certains territoires ruraux, elle impose une mobilité qui peut s'avérer complexe et coûteuse. Le format de formation présente lui aussi des imperfections, avec des volumes horaires insuffisants ou des méthodes pédagogiques inadaptées.

Ainsi, madame la secrétaire d'État, ma question porte sur le cadre, les méthodes, les partenaires et les moyens capables de généraliser les formations, en tout point du territoire national, sans distinction de statut, pour permettre aux personnes en situation d'illettrisme de retrouver leur place dans la société et d'envisager leur avenir avec sérénité.

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