Intervention de Sylvia Pinel

Séance en hémicycle du jeudi 18 février 2021 à 9h00
Aide individuelle à l'émancipation solidaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvia Pinel :

Des files interminables d'étudiants et de jeunes qui attendent pour recevoir une aide alimentaire : voilà les scènes quotidiennes auxquelles nous assistons. Nous ne devons pas nous y habituer. Dans un premier temps, l'attention s'était détournée des jeunes, au prétexte qu'ils étaient moins touchés par l'épidémie. Pourtant, ils basculent dans la précarité et sont donc des victimes à part entière de la crise sanitaire.

Dire que le Gouvernement n'a rien fait serait erroné, le groupe Libertés et territoires en a parfaitement conscience : au-delà des repas universitaires à 1 euro, du plan « 1 jeune, 1 solution » – qui a d'ailleurs été prolongé – , de l'augmentation du nombre de places dans le dispositif garantie jeunes et de l'ambition de bâtir une garantie jeunes universelle, les annonces se sont multipliées, ces dernières semaines, pour tenter de combler les trous existants. Mais si tous ces dispositifs sont louables, ils ont néanmoins un défaut commun : celui d'agir à travers le seul prisme de l'emploi.

Or cette stratégie ne suffit pas, car elle n'est ni globale, ni automatique. N'oublions pas que la crise socio-économique que nous subissons depuis un an n'a fait qu'exacerber une précarité qui s'est développée depuis longtemps, et des inégalités qui ne cessent de se creuser. En effet, notre système favorise la reproduction sociale, économique, et professionnelle, et ne tient plus la promesse républicaine de la méritocratie et de l'ascenseur social.

Face à ce constat ancien, nous devons repenser nos politiques de lutte contre la pauvreté et nos dispositifs de solidarité : l'urgence de la situation actuelle nous l'impose avec force. Il est primordial que nous abordions ces politiques en changeant notre regard sur la pauvreté : sortons du mythe selon lequel les aides sociales auraient un effet désincitatif sur le travail. Ce lien n'a jamais été vérifié, et pourtant, il conditionne toutes nos politiques en la matière.

Dès lors, notre groupe aborde favorablement les deux volets de la proposition de loi. Tout d'abord, nous souscrivons à l'idée d'instaurer un revenu de base tel qu'il est proposé, puisqu'il répond à trois impératifs : la progressivité dans la prise en compte des revenus, l'absence de contreparties, ce qui permet de prioriser la confiance et de mettre l'accent sur l'accompagnement des personnes, et l'automaticité, pour lutter contre un taux bien trop élevé de non-recours aux droits.

À ce titre, nous ne pouvons que déplorer le report de la création d'un revenu universel d'activité, promis par le Gouvernement depuis 2018. Doit-on considérer qu'il est abandonné ? Je le crains.

Surtout, le revenu de base proposé ici est accessible dès 18 ans, répondant ainsi à la grande lacune de notre système de protection sociale. En effet, alors que les jeunes sont particulièrement concernés par la précarité et les difficultés d'accès à l'emploi, ils continuent d'être exclus de certaines prestations. C'est la raison pour laquelle notre groupe fait partie de ceux qui appellent, depuis de nombreux mois, à étendre le RSA aux jeunes de 18 à 25 ans

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