Après avoir parlé du travail de nuit cet après-midi, nous abordons maintenant le travail du dimanche. J'aimerais parvenir à vous persuader de l'importance du sujet. Au début, quand il s'est agi de libéraliser le travail dominical dans certains cas, notamment sur des zones touristiques, on nous a dit que ce serait exceptionnel. Savez-vous ce que cela donne en pratique sur le terrain ? Dans ma circonscription de Seine-Saint-Denis, je vois de petits centres commerciaux qui s'astreignent à ouvrir le dimanche, y compris jusqu'à très tard, contraints à s'aligner sur les grands centres commerciaux de périphérie.
Cet effet d'entraînement ne permet pas de consommer davantage, car les gens sont de toute façon limités par leur pouvoir d'achat : ils achètent le dimanche ce qu'ils n'ont pas acheté le jeudi, il n'y a pas une augmentation de l'activité économique sur la semaine. Mais, en raison d'un effet délétère et vraiment peu vertueux, cela entraîne tout le monde, y compris des magasins de détail, à ouvrir le dimanche uniquement pour faire face à la concurrence, pour ne pas fermer définitivement. Les autorisations d'ouverture et de travail le dimanche conduisent au fur et à mesure, par capillarité dans la société, à faire de ce jour un jour comme les autres. On en arrive à une société où soit l'on consomme le dimanche – de préférence dans des grandes surfaces – , soit l'on travaille le dimanche. Là encore, je ne suis pas certain que ce soit un progrès social ou civilisationnel.