Intervention de Christophe Naegelen

Séance en hémicycle du mardi 2 mars 2021 à 15h00
Territorialisation du plan de relance

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Naegelen :

Le plan de relance voté par le Parlement cet automne se veut à la hauteur du défi sans précédent que représente la crise sanitaire. Néanmoins, créer des enveloppes – aussi importantes soient-elles – ne fait pas tout : cette manne financière doit être utilisée intelligemment, et les crédits doivent être répartis de façon équitable, à chacun selon ses besoins. Cet argent, dont notre économie a tant besoin dans le contexte actuel, ne doit pas être fléché uniquement vers les grandes villes et métropoles, mais doit profiter de façon juste aux territoires, qu'ils soient ruraux, de montagne ou ultramarins. Pour cela, un effort de décentralisation des processus de décision et d'attribution des aides est nécessaire. Afin de faciliter l'accès aux fonds, aux appels à projets et aux programmes du plan de relance dans l'ensemble du territoire, il est souhaitable que la prise de décision et les structures qui gèrent les dossiers de candidature soient au plus près des entreprises, des associations et des particuliers.

Malheureusement, ce n'est pas le propre de l'administration que de faire preuve de proximité. Même si elle fait son travail en étant présente sur le territoire, on voit bien qu'avec cette crise et l'augmentation du télétravail, elle a été éloignée du terrain pendant un certain temps, tandis que les élus – députés, conseillers départementaux ou maires – étaient présents sur le terrain et sont restés très accessibles et à l'écoute des gens, qui avaient beaucoup de mal à garder le contact avec l'administration. Plus que jamais, au vu des difficultés actuelles, nous remarquons que beaucoup d'associations ont été coupées de leur administration mais ont gardé un lien fort avec leurs élus. Face à des situations de détresse ou des difficultés administratives, les parlementaires ont fait un travail de relais et de facilitateur indispensable, là où l'administration était lourde ou parfois trop absente pour faire du cas par cas.

De plus, de nombreuses demandes de soutien financier continuent d'affluer malgré la suppression de la réserve parlementaire. Cela témoigne de l'incompréhension des acteurs du territoire face à cette mesure votée en 2017. Nombreux sont nos concitoyens qui viennent nous demander un soutien financier ou une aide matérielle. Pour quelques rares dérives, tous les députés ont été sanctionnés et privés d'un levier d'action crucial qui alimentait directement les territoires et participait activement à la vitalité de nos tissus économiques locaux. C'est pourquoi nous pensons qu'il serait souhaitable de réfléchir à l'idée de rendre des leviers d'action aux parlementaires afin de leur permettre d'aider matériellement les administrés qui viennent directement leur demander de l'aide. Actuellement, toutes les subventions sont centralisées par l'administration et les ministères. Pourtant, les lois de moralisation de la vie publique ont apporté des changements significatifs pour notre démocratie représentative et les dérives d'hier ne seraient plus possibles aujourd'hui. Les temps ont changé.

Forts de ce constat, nous devons reconnaître que dans notre démocratie, les élus ont un rôle à jouer pour soutenir la vie publique et économique locale. Les parlementaires – et pas uniquement l'administration – ont ainsi leur rôle à jouer dans la gestion et la distribution de subventions publiques par ailleurs absolument vitales dans nos territoires ruraux.

Messieurs les ministres, nous côtoyons chaque jour dans nos circonscriptions des associations, des gens dans le besoin, des entreprises porteuses de projets relocalisants. Vous-mêmes, qui avez été élus locaux et parlementaires, savez aussi bien que nous l'importance pour les élus de pouvoir faire partie du processus décisionnel et aider au mieux les associations et les entreprises. Faites confiance aux parlementaires : ne laissons pas l'administrocratie décider seule des acteurs qui méritent d'être soutenus ! Il ne doit pas s'agir d'un travail l'un contre l'autre, mais l'un avec l'autre. La réussite du plan de relance dépendra aussi en partie de son accessibilité et de sa proximité avec les besoins et enjeux locaux.

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