En effet. En outre, ils pourraient conduire au rachat de certaines entreprises par des investisseurs étrangers cherchant à conquérir de nouveaux marchés ou à faire main basse sur des compétences de haut niveau. Un an après le début de la crise se pose donc la question de l'adaptation des mesures d'urgence à cette situation qui dure, c'est-à-dire de notre capacité à en sortir sans mettre en péril le savoir-faire de cette industrie d'excellence ainsi que ses capacités d'innovation technologique.
Or si les dispositifs d'urgence – prêts garantis par l'État et activité partielle de longue durée – ont permis d'éviter les défaillances à court terme, ils semblent malheureusement inadaptés à moyen et a fortiori à long terme en raison de leur poids pour nos finances publiques. Monsieur le ministre délégué chargé des transports, l'État pourra-t-il prolonger ces dispositifs d'urgence jusqu'en 2024 ou même jusqu'en 2029 ? Quels mécanismes le Gouvernement prévoit-il pour en sortir en douceur ?
Au-delà de ces mesures d'urgence, nos concitoyens nous demandent de revoir en profondeur nos politiques publiques en matière de préservation de l'emploi et des compétences. Il est aujourd'hui vital de planifier ensemble une reconversion industrielle à grande échelle d'un nombre important d'emplois des secteurs aérien et aéronautique pour éviter une trop forte progression du chômage. Le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés vous demande ainsi, monsieur le ministre délégué, d'étudier la possibilité de créer un ambitieux dispositif, financé par l'État et par les régions, qui permettrait de détacher des salariés actuellement à l'arrêt vers des secteurs d'avenir comme la robotisation industrielle, les mobilités du futur ou encore l'intelligence artificielle : un ingénieur aéronautique d'Airbus à Toulouse pourrait par exemple être détaché pour une durée déterminée dans un centre de recherches ayant pour objet d'accélérer la robotisation et la numérisation nécessaires à la filière, ou bien dans une start-up locale innovante dans le domaine des mobilités du futur, de l'intelligence artificielle ou autres. De même, comme cela se fait déjà en Suisse, les pouvoirs publics pourraient accompagner les pilotes de ligne dans leur reconversion dans le ferroviaire ou encore créer des passerelles pour qu'ils viennent grossir les rangs de l'armée de l'air et de l'espace.
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre : nous saluons la stratégie du quoi qu'il en coûte et sa déclinaison dans le plan de soutien à l'aéronautique qui représente un effort de plus de 15 milliards d'euros d'aides, d'investissements et de prêts garantis, mais nous appelons votre attention sur les nécessaires mutations structurelles du secteur aérien et du secteur aéronautique face à ces défis économiques majeurs.
Du point de vue écologique ensuite : tout comme les autres modes de transport, ne nous leurrons pas, l'aérien est à un moment charnière car le secteur des transports dans son ensemble est le seul en France dont les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté depuis les années 90. Il constitue désormais le premier secteur émetteur sur le territoire français. Cette dynamique est fondamentalement contraire aux objectifs climatiques que nous nous sommes fixés et nous devons, comme la plupart des Européens, rectifier nos trajectoires. Mais n'oublions pas que les émissions du secteur des transports proviennent essentiellement du secteur routier, …