L'abolition des privilèges est une rupture fondatrice dans l'histoire nationale. Auparavant, la France n'était pas du tout une société égalitaire. Elle était constituée de trois groupes qui ne jouissaient pas du même statut : oratores, le clergé ; bellatores, la noblesse ; laboratores, ceux qui travaillent. La noblesse ne représentait que 1 % de la population ; elle avait à sa disposition des personnes qui travaillaient gratuitement pour elle, par servage.
Par l'abolition de cette société féodale, la nuit du 4 août peut être considérée comme l'acte de naissance de l'État de droit et, conséquemment, du droit du travail. Elle reconnaît l'égalité de droit entre les personnes et, en abolissant le servage, elle pose des bornes à la subordination qu'implique toute relation au travail.
À ce titre, l'abolition des privilèges mérite d'être portée au nombre des dates dont la commémoration participe à l'édification générale des citoyens et des citoyennes de tous âges, en rappelant notamment qu'aujourd'hui les 1 % qui possèdent 50 % des richesses mondiales n'ont pas la légitimité de s'octroyer des privilèges au détriment de la grande majorité des citoyens qui vivent de leur labeur.