Néanmoins il y a dans l'écologie radicale l'idée que le problème, c'est l'homme. On en arrive à des propositions comme celle d'instituer un crime d'écocide, évoqué par l'exposé des motifs. Là encore, c'est mettre sur le même plan génocide et écocide : je suis désolé, cela n'est pas la même chose de s'attaquer à l'espèce humaine et de s'attaquer à l'environnement : une différence de degré existe. C'est avec ce type de raisonnement que certains écologistes radicaux vous expliquent qu'il faudrait arrêter de faire des enfants pour sauver la planète, c'est-à-dire pratiquer une espèce d'écologie de Temple solaire qui aboutit à une forme d'attrition naturelle.
C'est faire preuve d'une méconnaissance profonde de la manière dont la nature fonctionne que de parler de la prédation de l'homme : la nature est cruelle, c'est une chaîne de prédations. Le nier c'est faire preuve d'une conception complètement fantasmée de la nature, qui la transforme en une espèce de jardin d'Eden, c'est se méprendre profondément. C'est pour la même raison, d'ailleurs, qu'on ne comprend pas le monde rural, qui est sans doute le plus à même de nous aider à bâtir une écologie réaliste, parce que lui sait comment concilier respect de la terre, respect des animaux et respect des activités traditionnelles.
Il faut donc non pas condamner l'homme mais bel et bien construire une écologie humaniste qui mette en son centre l'homme, avec ses potentialités, son génie, son inventivité, sa technique et, surtout, sa connaissance pluri-millénaire de la relation à l'animal et à l'environnement.