Monsieur Colombani, nous aurons ce débat sur l'écocide à propos du texte qui est actuellement examiné en commission spéciale. Comme vous, j'ai initialement été attiré par cette idée, qui avait quelque chose d'intellectuellement séduisant et de disruptif, et pouvait apparaître comme une solution pour mieux protéger l'environnement. Or, travaillant depuis quatre ans sur cette question, je considère désormais qu'il s'agit d'une très mauvaise idée, en tout cas dans notre droit national.
Mener une réflexion internationale sur ce que pourrait être un écocide en cas de crime de masse – comme l'utilisation de l'agent orange par les Américains contre les Vietnamiens, qui a donné naissance au crime d'écocide – , et en avoir une définition internationale, transnationale et supranationale, pourquoi pas ? Mais cela n'aurait aujourd'hui aucune effectivité dans notre constitution ni aucun intérêt. Aucun expert de la question, à part un seul, ni aucune association ou ONG, qu'il s'agisse de Greenpeace qui l'a rappelé aujourd'hui dans un journal du soir, de France nature environnement ou du WWF, le Fonds mondial pour la nature, ne réclame que la notion d'écocide soit introduite – ils sont même plutôt favorables à ce qu'elle ne le soit pas, car ils savent les effets vicieux que cela pourrait avoir.