Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du jeudi 23 novembre 2017 à 21h30
Renforcement du dialogue social — Après l'article 6

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Même avis.

Monsieur le député, vous avez bien posé le diagnostic, celui d'un formidable gâchis humain – 1,3 million de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en apprentissage – , d'un risque pour la cohésion sociale, et aussi d'une perte de compétitivité, puisque les entreprises, l'économie ou la société ne bénéficient pas des talents de ces jeunes.

Comme vous l'avez laissé entendre, les deux grands marqueurs du chômage, notamment des jeunes, sont la qualification et le lieu de résidence.

La qualification, tout d'abord, fait vraiment la différence : au niveau bac + 2 et plus, le taux de chômage des jeunes s'élève à 5,6 %, alors que, sans qualification, il est de 18,6 %. Cela est vrai pour les jeunes, comme pour les moins jeunes.

Au moment où la croissance repart, où il y a des opportunités, où les carnets de commandes se remplissent, où des entreprises cherchent à embaucher, il faut mettre un grand coup d'accélérateur sur les qualifications, la formation professionnelle et l'apprentissage. C'est pourquoi je proposerai au printemps prochain une réforme sur ces sujets.

C'est aussi pour cela que nous lançons le Grand plan d'investissement compétences, qui concernera 1 million de jeunes et autant de demandes d'emploi, pour aller vers des qualifications, y compris longues et certifiantes, pour certains. Il ne faut pas viser le court terme, mais l'entrée dans la vie active.

S'agissant de l'apprentissage, sur 1,3 million de jeunes qui ne sont ni en études, ni en emploi, ni en formation, nous n'avons que 400 000 apprentis : seuls 7 % des jeunes ont accès à l'apprentissage, alors que celui-ci présente un taux d'embauche à la sortie de 70 %. C'est une forme de gâchis, car notre organisation, nos manières de faire, dans le privé comme dans le public – régions, partenaires sociaux, État sont concernés – ne sont pas à la hauteur du rendez-vous avec les jeunes. C'est donc évidemment l'une de nos grandes priorités.

Le second marqueur que vous avez évoqué, monsieur le député, est bien l'endroit où l'on habite. C'est vrai, il y a une discrimination selon le lieu où l'on habite, qui est en partie liée à une discrimination sur l'origine. Elle est inacceptable. C'est pourquoi je pense que l'expérience des emplois francs sera importante, bien qu'elle ne concerne pas uniquement les jeunes, mais tous les âges.

L'augmentation de la Garantie jeunes fait également partie de la palette des outils à notre disposition.

Par expérience, je ne crois pas non plus qu'un quota puisse transformer les comportements. En revanche, je crois vraiment à la mobilisation collective sur ce sujet. C'est ce que nous vous proposons de faire, notamment à travers le Plan d'investissement compétences, et la réforme que nous discuterons dans quelques mois.

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