Ce principe de non-régression est des plus redoutables : il implique qu'il existe un sens de l'histoire, que ceux qui s'y opposent sont donc d'affreux réactionnaires – on nous l'a dit par le passé – , et que nous devrions tous obéir à la même logique. Or il n'y a pas de sens de l'histoire ; c'est la volonté des uns et des autres qui va déterminer un certain nombre de décisions. Ce qui régresse à mes yeux ne régresse peut-être pas aux vôtres. Installer en mer, dans la baie de Saint-Brieuc, soixante-deux éoliennes plus hautes que la tour Montparnasse et qui occuperont une surface égale à celle de Paris, privant les pêcheurs locaux des revenus de leur métier, c'est pour moi une régression ; pour d'autres, ce serait un progrès. J'ai le droit d'exprimer mon avis, comme eux le leur. De même, les gens modestes qui roulent au diesel, faute de pouvoir acquérir un véhicule électrique, se voient interdire l'entrée de la capitale : on bannit les pauvres, en somme, on rétablit l'octroi.