Il est une idée, madame la ministre, que certains voudraient voir dominer : les actifs d'hier, donc les seniors d'aujourd'hui, auraient une dette vis-à-vis des jeunes – une dette, pesons bien le mot. Une récente tribune publiée à l'initiative de Mme Muriel Pénicaud, ancienne ministre du travail, et cosignée par Mme Françoise Nyssen, ancienne ministre de la culture, de nombreux présidents-directeurs généraux d'entreprises du CAC 40 et des responsables de clubs d'experts libéraux, vise à donner crédit à cette thèse.
Les retraités sont pourtant les principales victimes de la crise sanitaire, attaqués bien avant cette terrible séquence par le quasi-gel – quand ce n'est pas la diminution – de leurs pensions, qui a eu des conséquences sur leur pouvoir d'achat.
Les retraités ne sont donc pas des privilégiés, encore moins les allocataires de l'ASPA. Comme les jeunes de 16 à 25 ans, une majorité d'entre eux font partie du contingent des femmes et des hommes précarisés, largement oubliés des mesures de solidarité sonnantes et trébuchantes si nécessaires et malgré tout si insuffisantes ces derniers mois dans leur vie quotidienne.
La réponse que nous vous demandons d'apporter ce soir ne relève ni de la loi, ni des moyens, mais de la cohésion nationale. Vous désolidarisez-vous de toutes ces idées, qui ajouteraient aux ruptures sociales et économiques qui font rage dans le pays une rupture générationnelle ? Et comptez-vous inscrire à l'agenda gouvernemental l'indexation des pensions sur l'évolution des prix ?