Ce débat consacré au suivi de la crise sanitaire vient à point nommé, à un moment où nos concitoyens n'y comprennent plus grand-chose. Lors de sa conférence de presse du 18 mars, le Premier ministre a annoncé aux Français l'instauration d'un nouveau confinement dans certains départements. Or, moins de vingt-quatre heures plus tard, le Président de la République indique qu'il ne faut surtout pas parler de confinement. Pire, notre machine technocratique s'est mise en route pour produire une attestation de deux pages comprenant pas moins de quinze dérogations. Cette situation ubuesque n'est malheureusement qu'un exemple de l'incroyable poids administratif qui nous empêche d'agir vite pour affronter le virus. L'État-providence qui devrait être la solution est devenu le problème.
Le plus grand défaut de l'action gouvernementale, c'est le manque d'anticipation. De nombreux spécialistes s'en inquiètent. Ainsi, selon l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique, il n'y a aucune raison que les autres départements dans lesquels les indicateurs se dégradent ne connaissent pas prochainement une situation sanitaire similaire à celle de l'Île-de-France. Il recommande donc de prendre sans attendre les mêmes mesures de restriction dans ces départements. Nous vous invitons, monsieur le ministre, à anticiper l'évolution de l'épidémie dans les territoires au lieu de réagir une fois que les services de réanimation sont proches de la saturation.
S'agissant de la doctrine en matière de logistique, nous avons noté qu'elle a profondément évolué depuis le début de la campagne vaccinale. Le groupe UDI et indépendants tient à saluer la mobilisation des élus locaux qui se traduit parfois par la mise à disposition d'un bâtiment public, d'employés et de moyens pour organiser le calendrier vaccinal. Ces services ont occasionné des dépenses nouvelles. Nous espérons que l'État saura trouver les fonds nécessaires pour participer à leur financement.
Quant à la stratégie vaccinale, la suspension du vaccin d'AstraZeneca est un autre exemple de vos atermoiements. En moins de vingt-quatre heures, les Français ont entendu d'un côté le Premier ministre exprimer toute sa confiance envers ce vaccin et, de l'autre, le Président de la République annoncer sa suspension.
Nous vous demandons, comme l'a proposé hier ma collègue Valérie Six lors des questions au gouvernement, de commencer la deuxième phase de la stratégie vaccinale. Dans la mesure où nous n'avons pas obtenu de réponse hier, je me permets de répéter nos préconisations. Une fois que les plus fragiles seront vaccinés, nous recommandons de vacciner les personnes les plus exposées – enseignants, étudiants, toutes celles et tous ceux qui ont continué à faire fonctionner notre pays : caissières, agents de propreté, forces de l'ordre, bref, toutes celles et tous ceux qui ne peuvent pas télétravailler.
Enfin, nous souhaitons évoquer le pass sanitaire, question que nous avons été les premiers à soulever dès le mois de décembre. Instaurer un pass sanitaire, c'est permettre à la vie de gagner contre le virus ; c'est garantir le retour à la vie sociale ; c'est la possibilité d'aller au restaurant, au théâtre, au cinéma. Comment envisagez-vous l'instauration d'un tel pass tant au niveau européen que dans notre pays ?
En conclusion, monsieur le ministre, nos concitoyens ont plus besoin d'une stratégie claire que d'un Gouvernement qui souffle le chaud et le froid. Notre groupe formule des propositions et nous espérons y travailler avec vous.