J'ai une pensée affectueuse pour notre ministre de la culture, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement. Je salue également la présence, dans les tribunes du public, de l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale, Louis Giscard d'Estaing.
Le président de la République Valéry Giscard d'Estaing s'est éteint le 2 décembre 2020, soit trente-quatre ans, presque jour pour jour, après l'inauguration du musée d'Orsay.
Le 1er décembre 1986, à l'invitation du président François Mitterrand, il y avait, parmi les invités à cette inauguration, l'homme sans qui ce musée n'aurait pas vu le jour : l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing. « Ce musée vous doit d'exister », lui avait écrit François Mitterrand, dans une lettre manuscrite envoyée quelques semaines auparavant. « Au-delà du protocole et des bons usages, je vous écris pour que vous sachiez mon vif désir de votre présence ce jour-là, au premier rang des personnalités conviées à cette cérémonie. Ce musée vous doit d'exister. »
Le président Valéry Giscard d'Estaing a été un grand homme d'État. Il a conduit des réformes sociétales majeures, qui ont façonné la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Comme a pu le dire le Président de la République, Emmanuel Macron, dans son hommage posthume : « Si notre société s'est modernisée, ouverte, si nos vies sont plus libres, c'est aussi à son courage et à son audace que nous le devons. » Que de réformes majeures ont été menées au cours du septennat de Valéry Giscard d'Estaing ! En 1976, dans son ouvrage Démocratie française, ce président de la République parlait ainsi des profondes mutations de la société française en l'espace de vingt-cinq ans : « Les choses changent si vite que les mots ne parviennent pas à suivre. » Et cela n'était pas près de s'arrêter ! Toutes les transformations qu'il a entreprises par la suite ont fait passer la société française du noir et blanc à la couleur.
Ces changements presque étourdissants ont aussi concerné notre patrimoine, sa préservation et sa valorisation, à travers notamment les musées. Dominique Poulot, membre honoraire de l'Institut universitaire de France, les décrit comme des « lieux par excellence où se joue le processus de patrimonialisation, au double sens d'une conservation des ressources et d'une jouissance. » Je me rappelle la première fois que j'ai poussé les portes d'un musée, parce que j'en avais envie et non pour suivre une visite organisée par mon école. C'était à la fin des années 1970. Je viens d'un milieu modeste et je croyais que la culture n'était pas pour moi – elle me paraissait élitiste, elle m'impressionnait. Mais Valéry Giscard d'Estaing, homme de profonde culture, fin connaisseur de l'art et de la littérature du XIXe siècle, avait la préoccupation de son partage avec le plus grand nombre, notamment à travers les musées et leur mission de préserver, étudier, communiquer.
Malheureusement, près de quarante ans après la fin de son septennat, le nom de Valéry Giscard d'Estaing n'est presque plus jamais associé à ces réformes et aucun édifice culturel ne porte son nom, alors qu'il y a – et c'est légitime – un musée Georges Pompidou, une bibliothèque François Mitterrand et un musée du Quai Branly - Jacques Chirac. Nous ne pouvons laisser prospérer cette injustice. J'ai donc déposé, avec le groupe UDI et indépendants, et de nombreux députés issus de différents groupes, une proposition de résolution visant à accoler au nom du musée d'Orsay celui de Valéry Giscard d'Estaing, le président à qui le musée d'Orsay doit d'exister, comme l'avait si justement écrit le président Mitterrand.
Cet appel au président Emmanuel Macron et au Gouvernement, en faveur d'une juste reconnaissance, d'un hommage légitime à un ancien président de la République, je vous propose de l'acter officiellement aujourd'hui, au nom de la représentation nationale, en adoptant cette proposition de résolution.