Mais ce n'est pas sur le fondement de ces cheminements arvernes partagés à résonances grégaires que je soutiens cette proposition de résolution visant à ajouter le nom de l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing à celui du musée d'Orsay. Le communiste que je suis est, à l'image de son parti, très attaché à la sauvegarde du patrimoine industriel dont la gare d'Orsay est une si belle expression dans le domaine ferroviaire. Cet édifice monumental associe une superbe verrière à structure métallique à un parement de pierres richement orné et offre le témoignage d'une voie ferrée pénétrant au coeur de Paris. Au-delà de son architecture, ce monument est une respiration de la mémoire de la classe ouvrière du XIXe siècle, un souffle de ces ouvriers qui ont tant donné de leur chair à la révolution industrielle et tant souffert de l'injustice sociale.
Certes, me direz-vous, le président Giscard d'Estaing, pas plus que son successeur n'avait le monopole du coeur, n'avait celui de la culture patrimoniale et encore moins celui de la culture ouvrière. Mais, reconnaissons-le, sans sa volonté, ce bâtiment allait subir le sort des anciennes halles de Paris pour laisser la place à une construction contemporaine comme Beaubourg. Comment ne pas citer Victor Hugo : « Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire, c'est dépasser son droit » ?
Faut-il rappeler aussi, mais sans doute est-ce anecdotique, que la succession du camarade Picasso, dont le génie artistique avait connu quelques plus-values, a pu se régler grâce à une mesure initiée par le secrétaire d'État aux finances Giscard d'Estaing qui a ouvert la voie à ce que des droits de succession puissent être payés par des oeuvres d'art ? La dation Picasso est ainsi à l'origine de la belle réalisation du musée national Picasso ; je n'irai pas jusqu'à proposer que le musée Picasso prenne aussi le nom d'un président qui a toujours assumé son parti pris libéral et que j'ai toujours combattu avec, faute de pinceaux, deux outils du patrimoine ouvrier : la faucille d'une main et le marteau de l'autre.