Intervention de Richard Ferrand

Séance en hémicycle du lundi 27 novembre 2017 à 21h30
Promotion des symboles de l'union européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRichard Ferrand :

Les symboles font partie de ces repères essentiels. Ils permettent de prendre conscience de notre appartenance et de fédérer autour d'un projet. Les symboles ne peuvent se substituer à l'action, mais ils illustrent son sens. L'ambition collective sur laquelle nous avons été élus est européenne. Elle n'est pas celle du repli, du refus de partager, ni même de la méfiance de l'autre. La recomposition politique à laquelle nous assistons depuis mai dernier divise clairement ceux qui pensent que nous, Européens, partageons un avenir commun et ceux, nationalistes, qui pensent que nous serions mieux seuls.

À l'Assemblée nationale, le drapeau européen pavoise aux côtés du drapeau français depuis 2008. Installé pour symboliser la présidence française de l'Union européenne, son maintien depuis près de dix ans souligne l'attachement des députés en faveur du projet européen.

Or, pour la première fois, en octobre 2017, un groupe politique est venu contester cette présence au sein de l'hémicycle. Mais il s'agit sans doute de la dernière des trouvailles de ces anciens et nouveaux détracteurs de l'Europe, qui se retrouvent ainsi dans des alliances de circonstance parfois surprenantes.

Ils souhaitent renverser la table, tout détruire pour tout reconstruire, comme si rien n'était plus facile. Se rappellent-ils qu'il a fallu plus d'un demi-siècle pour nous décider à lier nos destins ? Qu'il a fallu le congrès de Versailles, les illusions perdues d'Aristide Briand et de Frank Kellogg, des millions de morts pour y parvenir enfin ? Qu'il a fallu que des pères fondateurs, eux-mêmes ensanglantés dans leur chair, choisissent de se parler et de s'unir après la barbarie qui venait de tout emporter ?

Finalement, ne savent-ils pas que chaque fois que nous avons voulu voir le monde par notre seul regard, nous l'avons toujours vu plus étroit, et en vérité plus sombre ? En rejetant l'Europe, ils proposent de s'enfermer dans les frontières nationales. Bientôt, ce sera dans leurs frontières régionales respectives. À la fin, peut-être ne restera-t-il plus que la ville ou le quartier pour construire cette solidarité qu'ils appellent de leurs voeux mais qu'ils refusent à beaucoup, singulièrement aux autres.

À chaque fois que nous avons déconstruit, nous avons fait la guerre : à tous ceux qui en doutent, je souhaite rappeler les mots de François Mitterrand : « Le nationalisme, c'est la guerre. »

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