Les amendements de Stéphane Peu pour ce dossier
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Monsieur le ministre de l'économie et des finances, alors que les sénateurs ont rejeté la privatisation du groupe Aéroports de Paris, le Gouvernement s'apprête à commettre une grande faute en maintenant ce projet contre vents et marées.
Ce serait d'abord une faute stratégique : ADP est une infrastructure clef, un monopole ; même les États-Unis s'interdisent de privatiser leurs aéroports. Ce serait ensuite une faute économique : on sait désormais que privatiser un monopole naturel, ou une activité économique non concurrentielle, conduit à de piètres résultats. Le scandale de l...
C'est encore une faute budgétaire : ADP est la première société aéroportuaire au monde. Avec une marge de 14 %, c'est une source de revenus réguliers pour les comptes publics. On ne tue pas la poule aux oeufs d'or !
C'est également une faute de méthode : on ne brade pas des biens communs, même pour financer un fonds d'innovation – d'autant que cet argument est fallacieux : les 300 millions d'euros annuels que rapporteront vos privatisations sont nettement inférieurs aux 800 millions d'euros annuels que ces entreprises rapportent aujourd'hui.
C'est enfin une faute démocratique. ADP n'est pas constitutionnellement privatisable : c'est une frontière vitale au coeur de notre capitale économique et politique. Ce serait un abandon supplémentaire de notre souveraineté nationale.
Votre projet défie toute logique et affaiblit la France. Cette privatisation est hors norme et même obscure : en effet, pour la première fois, l'État devra payer pour privatiser. Monsieur le ministre, allez-vous, contre toutes ces évidences économiques, contre cette hypothèque constitutionnelle et contre le vote du Sénat, persévérer dans ce pr...