Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Un président de groupe m'avait dit un jour : « Il paraît qu'à la commission des affaires étrangères, c'est un petit paradis. » Et c'est vrai parce que nous avons toujours fait prévaloir des logiques de convergence. Nous avons évidemment nos désaccords politiques, mais nous avons toujours fait primer une certaine idée de l'homme, une certaine idée de la paix, une certaine idée de la liberté et des droits, et il est heureux de voir que la commission des affaires étrangères n'est pas un isolat au sein de cette assemblée – ce que parfois, je dois vous le dire, mes chers collègues, les questions au Gouvernement pourraient faire croire. On a tout de ...
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Je voudrais ensuite vous dire que j'ai été particulièrement heureux non seulement en tant que citoyen français, non seulement en tant que membre de cette assemblée, mais également en tant que président de la commission des affaires étrangères, de voir l'extraordinaire convergence de vues, de sensibilités et de réactions de la plupart de mes collègues dans cet hémicycle.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Ceux qui connaissent la politique française savent que le MODEM a choisi la couleur orange pour son logo parce que Marielle, présente dans les premiers mois de la révolution ukrainienne aux côtés de la liberté, en était revenue profondément transformée et mobilisée, convaincue que l'Ukraine avait dorénavant toute sa place à nos côtés. Comme toujours, Marielle avait le don de voir des choses avant les autres, ce qu'on appelle le don de double vue. Et nous sommes restés fidèles à sa mission. J'imagine qu'elle eût été sa réaction et son discours face à la situation qui est la nôtre aujourd'hui.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Je ne suis pas postier mais cet après-midi je parle deux fois. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit tout à l'heure. Tout a été dit, et bien dit, par l'ensemble des collègues. Je voudrais à présent, au nom de la commission des affaires étrangères, apporter quelques précisions en conclusion de ce débat, mais non sans avoir au préalable rendu hommage à Marielle de Sarnez.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Le facteur sonne toujours deux fois.
Il nous rappelle aussi le vieux lion des heures sombres parce qu'il incarne l'union indestructible du combat pour la liberté d'un peuple, le peuple ukrainien, et pour les valeurs fondamentales, et fondamentalement menacées, de l'humanité tout entière. Le 18 juin 1940, Churchill proclamait que la bataille – ô combien inégale ! – qu'il s'apprêtait à livrer au nazisme serait la plus belle heure de l'histoire de son pays, car c'était à la fois la bataille de l'Angleterre et celle des valeurs de tout le genre humain. Derrière la ferveur qui, d'un bout à l'autre de l'univers, soutient la résistance du président Zelensky et du peuple ukrainien, il y a la ...
Il faut ensuite admettre que le plus dur, pour le peuple ukrainien comme pour nous d'ailleurs, est devant nous, et que l'épreuve sera longue et pénible. Dans une de ses dernières allocutions, le général de Gaulle rappelait aux Français que la vie était un combat et que le succès coûtait l'effort. Nous y sommes. Comme il est peu probable que M. Poutine renonce malgré ses échecs initiaux, il va inévitablement passer à la vitesse supérieure en matière de recours à la violence, quitte à s'enfermer dans une impasse politique dont il sortira le moment venu – mais quand ? – inévitablement brisé. Les semaines, les mois, les années peut-être qui ...
L'Europe se réveille au château du bois dormant et découvre, fût-ce avec au moins trente ans de retard, qu'il n'y a pas d'État de droit si le droit n'est pas fort, et qu'il est inutile à la liberté d'avoir les mains pures si elle n'a pas de mains.
Nos amis et partenaires allemands ont dit clairement qu'ils étaient prêts à la confrontation, y compris militaire, au nom des valeurs que nous partageons. Les vagues sans cesse renforcées de sanctions de tous ordres montrent assurément que, pour nous, le cap des bisounours est enfin et, espérons-le, définitivement franchi.
La réponse à la question des mobiles permet de répondre à une autre question : que devons-nous faire ? D'abord réagir avec force à la provocation russe en apportant au peuple d'Ukraine toute l'aide compatible avec la non-extension de la guerre au niveau mondial. Il s'agit de faire mentir ceux qui, non sans raison apparente, mettaient en doute la capacité d'une Amérique divisée et d'une Europe démobilisée à relever le double défi de l'unité et de la confrontation qui nous était lancé. C'est ce que nous faisons, le Premier ministre vient de le rappeler, avec une rapidité, une efficacité et une détermination qui nous surprennent d'ailleurs autant ...
Non, le vrai mobile de l'initiative russe, c'est d'empêcher l'Ukraine de préférer le modèle politique, économique et social, modèle de liberté, d'initiative et de respect de l'État de droit, celui des peuples d'Europe de l'Ouest, à cette cleptocratie autoritaire que M. Poutine impose à son propre peuple. M. Poutine n'a tout simplement pas supporté que les Ukrainiens préfèrent suivre la voie des Européens du groupe de Visegrád plutôt que celle de la Biélorussie. Il n'a pas supporté que les Ukrainiens refusent de faire de leur État la prison de leur peuple.
L'OTAN a accueilli des États dont les peuples avaient été asservis par l'Union soviétique et n'a pas intégré l'Ukraine car ce pays s'était séparé à l'amiable de l'URSS et avait vu ses frontières solennellement garanties par la Russie. Peut-être avons-nous été, non pas trop menaçants mais trop prudents, voire, comme disait le Président de la République, trop naïfs, car les récents événements montrent que pour sauver son indépendance, il vaut mieux bénéficier de l'article 5 du traité d'alliance que d'en être exclu. Si le sentiment d'insécurité était le vrai motif de l'invasion de l'Ukraine, M. Poutine n'aurait pas ignoré les efforts ...
Nous voici à nouveau confrontés au pire. Le pire, c'est la guerre, la guerre en Europe, la guerre gratuite, la guerre du caprice et du bon plaisir, brutalement imposée, au mépris de toutes les règles et de tous les engagements, et sans justification aucune, à un peuple qui ne menaçait personne, et qui n'avait que deux torts, celui de vouloir être libre et celui de n'avoir pour protéger ses frontières que la garantie donnée en 1994 par son agresseur. Malheur à celui dont le protecteur est l'ennemi ! En préalable à la définition de notre action, nous devons nous poser une question très simple : que veut M. Poutine ? Il y a un faux objectif et un vrai ...
Quel talent !
Très bien !
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Au terme de ce riche débat, que dire, sinon rappeler les quatre principes qui guident notre action ? Premièrement, nous sommes engagés au Sahel depuis 2013, par la volonté expresse de la communauté internationale, des États africains de la CEDEAO et du gouvernement du Mali, alors menacé par une entreprise de subversion, destinée à installer dans son territoire un califat islamique. Notre seul objectif était et demeure d'aider les États concernés à faire face aux tentatives de déstabilisation terroriste, à conforter les institutions et les procédures démocratiques dont ils ont choisi de se doter, et à assurer le respect de l'état de droit dans cette ...
La diplomatie d'influence, c'est aussi une certaine idée des formes de l'action politique : une préférence pour l'échange, le dialogue, la coopération ; le refus de la contrainte, de la violence, de la brutalité. Qu'il s'agisse de commerce, d'éducation, de création scientifique, d'échanges artistiques ou des synergies de la recherche, la stratégie d'influence manifeste la supériorité de l'excellence, la force du talent, l'idée que la grandeur d'un pays peut ne pas tenir à ce qu'il domine les autres, mais au fait qu'il éclaire l'avenir et préfigure l'humanité de demain. Vouloir être par l'influence, c'est vouloir donner sa chance à ce qui fait ...
Présentant en 2017, au nom de la commission des affaires étrangères, le rapport d'information sur la diplomatie d'influence, les rapporteurs – M. Herbillon, qui vient de s'exprimer, et Mme Sylla – y rappelaient que « la diplomatie n'est ni un gadget, ni un moyen de compenser notre puissance déchue, c'est un puissant vecteur de notre politique étrangère ». Ils avaient raison. La feuille de route que vous nous soumettez, monsieur le ministre, appelle en fait deux questions : qu'est-ce qu'une stratégie d'influence et, pour un pays comme la France, qu'est-ce que cette stratégie dans le monde actuel ? À la première question, j'apporterai une réponse simple ...
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Vous y étiez !
C'est votre sujet, mais ce n'est pas le sujet !
La courtoisie serait plutôt de ne pas quitter l'hémicycle !
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges C'est une révolution copernicienne, d'abord, parce que nous découvrons chaque jour – et cette prise de conscience est portée par Emmanuel Macron – que, pour paraphraser Saint-Exupéry, s'aimer ne consiste plus simplement à se regarder l'un l'autre mais à regarder ensemble dans la même direction. L'ensemble des sujets qui sont sur la table sont des sujets mondiaux, qu'il s'agisse de la pandémie, du climat, de la lutte contre le terrorisme, des migrations ou de la sécurité. C'est pourquoi la commission que j'ai l'honneur de présider est particulièrement sensible à la capacité de l'Union européenne à assumer cette mutation géopolitique, dont vous ...
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Vous assurerez donc la continuité, la promotion et la dynamisation de l'action législative de l'Union européenne, dont certains enjeux sont très importants. Depuis sa fondation, celle-ci a défendu la paix au sein de ses membres, le respect du droit, la croissance, et a organisé la solidarité. Elle l'a fait notamment avec ce bouquet particulier qu'est le plan de relance pour l'Europe, que nous avons lancé il y a peu, grâce aux initiatives franco-allemandes, avec le concours de la Commission et des autres États membres. Ceci est votre travail, monsieur le Premier ministre. Mais ce que ce dont le président Macron est porteur, c'est d'une double révolution, ...
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Je crois néanmoins que le fait d'être membre de celle-ci nous donne un point de vue particulier sur la présidence de l'Union européenne. Nous avons en effet le sentiment que nous vivons tous ensemble une double révolution et un moment particulier – et c'est ce qui rend très précieux le fait que la France assume aujourd'hui la présidence. Il ne faut pas surestimer la présidence : elle ne dure que six mois, et le président du Conseil européen n'est plus un chef d'État mais une tierce personne, en l'occurrence l'excellent M. Michel. Quant aux institutions, elles sont présidées par différentes personnes et votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, ...
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Je m'exprime ici en ma qualité de président de la commission des affaires étrangères. Je tiens à rassurer M. Lecoq : je n'ai pas la prétention de représenter la parole de l'ensemble des membres de la commission.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Nous comprenons très bien que d'autres, comme les Allemands, aient fait un choix différent, mais au nom de quoi devrait-on considérer que la dérogation est la norme et que la norme est une anomalie ?
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges qu'elles soient constitutionnelles – on ne modifie pas le calendrier des élections présidentielles et législatives – ou internationales : nous avons pris un engagement, nous sommes capables de l'assumer et nous le respectons.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Permettez-moi d'abord, chers collègues, d'exprimer mon étonnement : je n'avais jamais vu, jusqu'à présent, que l'on reproche à un chef d'État ou à un Gouvernement de respecter les échéances ,
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Il faudrait reporter la présidence française très longtemps pour voir ça !
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Dommage qu'il n'existe pas de motion d'approbation !
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges C'est le cas du projet qui nous est soumis, qui constitue un énorme progrès. Ce qui, je le crois, explique le vote de la commission, c'est qu'il vaut mieux voter ce Mécanisme avec les trois garanties qu'il apporte que de le rejeter. Comme l'a d'ailleurs dit M. Lecoq, s'il a déposé une motion de rejet, ce n'est pas pour que le texte soit rejeté, mais pour avoir la possibilité de s'exprimer – et nous avons été heureux de l'entendre.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Après l'intervention de notre excellent collègue, je voudrais préciser ce qui m'a semblé être au sein de la commission des affaires étrangères l'état d'esprit de ceux qui ont, en majorité, approuvé la ratification de l'accord. M. Lecoq s'est appuyé sur une double argumentation, affirmant d'une part que ce projet était pervers, d'autre part qu'il était trop timide. Je pense que la grande majorité de la commission ne le rejoindrait pas pour dénoncer le caractère pervers d'un mécanisme qui renforce la protection des États et des contribuables, tout en accroissant la responsabilité du système bancaire. Pour ce qui est de la timidité du projet, force ...
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges De Taipei ! Il y a des lapsus qui en disent long !
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges C'est exact !
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Très bien !
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges …vous nous devez vraiment une revanche : l'éloge d'un pays libre et démocratique.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges …j'ai beaucoup d'admiration pour vous. Mais je dois vous dire qu'après l'éloge du Venezuela de M. Maduro, de Cuba, après la condamnation du Tibet au nom de la laïcité, après l'ignorance des crimes contre les Ouïghours au Xinjiang…
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges …touchée comme nous par les malheurs qui nous frappent, et qui contribue comme nous, et parfois mieux que nous, à apporter des remèdes à ces maux. Elle doit être reconnue pour sa contribution. Voilà les raisons pour lesquelles nous sommes favorables à l'adoption de cette résolution. Monsieur Mélenchon…
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Taïwan, c'est une communauté humaine, responsable, créatrice, imaginative…
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges La troisième raison, c'est qu'il s'agit de reconnaître une communauté – et non pas, monsieur Mélenchon, un État souverain. Taïwan n'est pas un État souverain et nous ne prétendons pas lui conférer de pouvoirs politiques.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Cependant, le multilatéralisme, ce n'est pas le caprice d'un seul qui s'oppose à un autre ! C'est le respect de tous et de chacun.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Troisième qualité, la compétence des responsables qui ont mis au point un modèle de dépistage. Quand on a affaire à une collectivité qui a réagi aussi efficacement, aussi justement, aussi pertinemment à un malheur qui nous frappe tous, face à une organisation plus ou moins manipulée par la Chine comme l'OMS, et face à un État qui a des responsabilités énormes dans le déclenchement de la pandémie, on a d'abord un devoir d'humilité, de respect et de reconnaissance de cette contribution sur le plan technique. La deuxième raison qui me pousse à approuver cette résolution, c'est que ce serait la fin d'une anomalie, d'une sanction injustifiée imposée ...
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Souffrez que je continue mon propos, monsieur Mélenchon. Je vous ai entendu avec beaucoup d'intérêt, sans vous approuver, et je vous invite à faire preuve de la même réserve républicaine.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges La rigueur a été respectée, la discipline a été respectée.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Dans cette affaire, les Taïwanais ont fait preuve de trois qualités essentielles. Tout d'abord, la rapidité de réaction : ils ont signalé l'affaire dès le 31 décembre 2019, alors que l'OMS n'en a reconnu l'importance que le 20 janvier, c'est-à-dire avec trois semaines de retard. Ensuite, la rigueur des procédures, mises en place dans un cadre démocratique – car, monsieur Mélenchon, la démocratie, c'est la liberté d'opinion, le pluralisme partisan et le vote des citoyens.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges C'est assez différent, vous êtes un fin observateur, monsieur Herbillon.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Ces propos se trouvent dans le rapport de Mme Marielle de Sarnez sur la pandémie et je suis heureux de les citer et de rappeler ce très important travail effectué dans les derniers mois de vie de ma prédécesseure.
Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères
Jean-Louis Bourlanges Et encore : « Taïwan, dont le système sanitaire n'a jamais été débordé, constitue un modèle de gestion de crise dont il convient de tirer des enseignements, tout particulièrement en matière d'anticipation et de réactivité. »