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... page de l'histoire des relations entre la France et l'Allemagne. Quelques explications de texte sont visiblement nécessaires pour les bancs à ma gauche. La résolution commune, que nous voterons à la fin de ce débat et que nos collègues allemands ont adoptée ce matin, est le souffle nouveau qui manquait aux relations entre nos deux pays. Les deux représentations nationales – les représentants des peuples ! – appellent leurs gouvernements respectifs à travailler avec elles, durant l'année qui vient, au perfectionnement du traité de l'Élysée, et non l'inverse. L'Assemblée nationale et le Bundestag exhortent leurs gouvernements à concrétiser cette amitié par des réalisations multifocales qui affecteront favorablement la vie quotidienne non seulement des citoyennes et citoyens de nos deux grandes na...
... traité de l'Élysée de 1963. Aujourd'hui, la discussion a lieu au niveau franco-allemand, mais ce projet ne s'arrête pas là : il a pour vocation de s'étendre à tous nos voisins européens qui le souhaiteront. Cette résolution doit être le moteur d'un dessein plus grand pour que l'Europe existe aux yeux de tous. L'heure est venue pour nous d'agir : marquons l'Histoire, donnons corps à l'Europe des peuples. Rien n'est jamais acquis : de toutes parts les peurs des uns répondent aux espoirs des autres. Ensemble nous pourrons faire face aux nombreux défis qui se bousculent à nos portes. Nous avons effectué le premier pas en élaborant ce texte conjointement : je salue tous ceux qui y ont contribué, tous ceux qui vivent l'amitié franco-allemande au quotidien. Chers collègues, chers amis, chères citoye...
...t celui qui va de la colline de Sion, d'où l'on perçoit la ligne des Vosges, jusqu'aux côtes de Meuse, jusqu'à cette crête des Éparges où plus d'une dizaine de milliers d'hommes sont tombés pour quelques mètres en 1915, préfigurant la bataille de Verdun. D'un côté, l'écrivain Maurice Genevoix ; de l'autre, Ernst Jünger, l'auteur d'Orages d'acier. Ils racontent la même tragédie : celle de nos deux peuples. J'aurais pu prendre un autre itinéraire, et suivre, depuis Nancy, le cours de la Moselle, pour rejoindre Metz. À Nancy, nous pourrions faire mémoire de ce commissariat dont les agents firent preuve – cas unique dans le pays – d'une désobéissance civile qui permit d'éviter l'essentiel de la rafle de Nancy.
...issent à nos collègues allemands – souvent du Bundestag – , je repense à chaque fois à cette peinture de Goya intitulée La Rixe, que Michel Serres a magnifiquement commentée. On y voit deux personnages se frappant l'un l'autre à coup de gourdin dans un marécage ; Michel Serres ajoutait qu'inéluctablement, chacun des coups qu'ils se donnent les y enfonce plus profondément. Tel était le sort de nos peuples. Pour faire mémoire de ces tragédies, nous avons un maître de mémoire, qui vient de l'autre côté des Alpes ; c'est Primo Levi, qui nous répète le poème qu'il a donné comme exergue à son livre Si c'est un homme : « Considérez si c'est un homme [… ], considérez si c'est une femme [… ], pensez-y chez vous, dans la rue, en vous couchant, en vous levant ; répétez-le à vos enfants. » Cela fait cinqu...
Je suis de ceux qui applaudissent aux jumelages des villes françaises et allemandes. Je suis de ceux qui souscrivent à tout ce qui peut rapprocher nos deux peuples, mais je m'interroge : avoir les meilleurs rapports possibles avec notre voisin, faciliter les échanges économiques et culturels, c'est évidemment une bonne chose ; construire des coopérations dans des domaines comme les transports, le numérique ou l'enseignement, cela va de soi, de même qu'approfondir les coopérations entre régions frontalières. Mais faut-il pour cela mener une politique d'inté...
Je ne suis pas seule à refuser l'abandon de parcelles supplémentaires de notre souveraineté nationale : les peuples eux-mêmes – aussi bien le peuple français que le peuple allemand – n'en veulent pas. Il suffit, pour s'en convaincre, de constater la montée d'un vote résolument anti-européen lors des dernières élections, présidentielle et législatives en France, législatives en Allemagne. Mais cela, une fois encore, vous ne voulez pas l'entendre. Vous allez même jusqu'à écrire que « la France et l'Allemagne a...