Publié le 8 octobre 2021 par : Mme Fiat, Mme Autain, M. Bernalicis, M. Coquerel, M. Corbière, M. Lachaud, M. Larive, M. Mélenchon, Mme Obono, Mme Panot, M. Prud'homme, M. Quatennens, M. Ratenon, Mme Ressiguier, Mme Rubin, M. Ruffin, Mme Taurine.
Compléter cet article par l’alinéa suivant :
« III. – Le Gouvernement remet au Parlement, dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi, un rapport d’information ayant pour objectif de chiffrer l’impact sur les finances de la sécurité sociale de la mise en place d’un pôle public du médicament. Ce pôle public du médicament aurait pour missions d’assurer une relocalisation et une production publique de médicaments, de principes actifs et de réactifs, à commencer par les médicaments génériques et les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. »
Cet amendement propose d’étudier urgemment la création d’un pôle public du médicament.
En effet, les pénuries de médicaments se sont multipliées par 30 en seulement 10 ans. Les principaux médicaments concernés sont les anti-infectieux, les traitements du systèmes nerveux et les anticancéreux. Or, le reportage de Complément d’enquête du 9 septembre 2021 révélait que ces pénuries étaient parfois organisées artificiellement par les laboratoires pharmaceutiques pour faire monter les enchères sur les médicaments.
Cet état de fait est dramatique, notamment concernant les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. La faillite du système actuel n’est plus à démontrer. Par cet amendement, nous demandons donc que le Gouvernement examine l’opportunité sur le plan sanitaire d’un contrôle accru de l’État sur l’industrie pharmaceutique comme nous l’avons proposé dans une proposition de loi en 2020.
Actuellement premier marché mondial, le secteur pharmaceutique est entre les mains de plusieurs grands groupes privés, dont la puissance est telle qu’ils parviennent régulièrement à influencer la décision publique et à berner les organismes étatiques de contrôle. Les scandales sanitaires à répétition, du Vioxx au Levothyrox en passant par la Dépakine et le Médiator, ont mis en lumière ce que la quête de profitabilité peut faire à la santé publique.
Pour les finances sociales, l’activisme promotionnel des laboratoires pharmaceutiques a un coût : celui de la multiplication de médicaments, de la réintroduction incessante de nouveaux produits, sans que l’amélioration du service médical rendu ne soit significative.
Pour la santé publique, la transformation progressive des industries pharmaceutiques en puissance marketing influençant les professionnels de santé dès les facultés de médecine présente des risques de plus en plus importants. Le recours abusif à des traitements lourds comme dans le cas des antidépresseurs, la multiplication de traitements dangereux disponibles sans ordonnance et dont l’UFC Que Choisir a dressé la liste noire, fragilisent la santé des Français.
Nous estimons que face aux défis du XXIe siècle, la puissance publique est bien mieux placée pour organiser la production de médicaments, en coopération avec les autres pays du monde, afin de concevoir une stratégie planifiée, rationnelle, attentive au temps long, et qui n’est plus parasitée par la recherche de profit à court terme.
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