Intervention de Jean-Michel Clément

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Clément :

Madame la rapporteure pour avis, je tiens à saluer à mon tour votre travail tout à fait intéressant et très riche.

S'il est un secteur affecté par la crise sanitaire, c'est bien celui du commerce extérieur. En effet, les économistes du numéro un mondial de l'assurance-crédit, Euler Hermes, anticipent une chute de 100 milliards des exportations françaises en 2020. Si le recul est aussi important, c'est parce que la crise touche directement nos industries françaises de tête, notamment l'aéronautique et les constructeurs et équipementiers automobiles.

Au-delà du contexte, nos difficultés s'expliquent par la structure de notre tissu économique. Là où nos voisins allemands s'appuient sur des entreprises de taille intermédiaire capables de s'illustrer dans un marché globalisé, nos PME et ETI restent tournées vers le marché français et peinent à voir leurs atouts à l'international. Pis, lorsqu'une entreprise se satisfait du marché intérieur, elle n'a pas toujours le réflexe de se tourner vers l'international. C'est quand viennent les difficultés qu'elle s'y intéresse, mais il est parfois trop tard.

Ainsi, ce sont les grands groupes qui portent les chiffres du commerce extérieur de la France, contrairement à ce qui se passe en Allemagne, dont le tissu économique exportateur irrigue l'ensemble du territoire. C'est pourquoi il nous faut repenser le dispositif d'accompagnement des petites et moyennes entreprises à l'export. Le Gouvernement s'est attelé à ce chantier ; les solutions préconisées par son opérateur, Business France, allaient dans le bon sens. Là où une multiplicité d'acteurs se concurrençaient – Business France et les chambres de commerce et d'industrie (CCI), en France et à l'étranger, Bpifrance et le secteur privé –, il a proposé d'opérer une clarification des responsabilités afin d'accroître à la fois le volume des exportations et le nombre des exportateurs. Ainsi, au niveau territorial, un guichet unique réunissant Business France et les CCI est proposé aux régions ; sa mission est d'identifier et de préparer les entreprises à l'export en leur offrant une offre de services différenciée.

Cette volonté d'accompagner les entreprises au plus près du terrain, nous la partageons bien entendu. Nous regrettons cependant qu'une fois de plus, les moyens ne soient pas à la hauteur. Alors que le rôle des CCI est d'accompagner les PME et les ETI dans les régions, le Gouvernement acte une diminution de leurs ressources. Depuis le début du quinquennat, elles ont déjà été réduites de 350 millions d'euros, et la loi Pacte a prévu qu'elles diminuent jusqu'en 2022, dans le cadre de la réforme du réseau des chambres de commerce. Pis, il était prévu, dans la première partie du PLF pour 2021, une nouvelle diminution de leurs ressources, de l'ordre de 100 millions d'euros. Fort heureusement, le Gouvernement est revenu sur cette décision.

De même, nous regrettons que Business France voie une nouvelle fois ses ressources diminuer, avec un budget qui s'élève pour 2021 à 87 millions d'euros, contre 90 millions l'an dernier. Alors que nous avons plus que jamais besoin de relancer nos exportations, il nous faut un opérateur fort pour accompagner nos entreprises et nos VIE, dont la publicité actuellement diffusée sur les ondes résonne comme un appel inédit mais plein de sens.

Enfin, comment parler de diplomatie économique sans évoquer le Brexit et ses conséquences ? La perspective d'une absence d'accord est, hélas, de plus en plus crédible. Si le Royaume-Uni n'est que la cinquième destination des exportations françaises, il est le partenaire avec lequel la France réalise son excédent commercial le plus important. Les exportations nationales de biens vers le Royaume-Uni représentent 31,5 milliards, soit 7 % de nos exportations totales, et le Royaume-Uni est le cinquième fournisseur de notre pays, à hauteur de 19,6 milliards. La France fera ainsi partie des six pays les plus touchés par le Brexit.

Notre faiblesse structurelle à l'export annonce les difficultés que nous rencontrerons dans le cadre du Brexit. Ainsi, les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire sont aussi ceux qui ont le plus à craindre d'un départ sans accord des Britanniques de l'Union européenne : l'automobile, l'aéronautique, les transports et les services liés au tourisme.

En cette période troublée par le covid-19 et le Brexit, nous estimons que les moyens budgétaires ne sont pas en adéquation avec les défis que nos entreprises devront relever à l'export. C'est pourquoi le groupe Libertés et Territoires ne votera pas ces crédits.

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