Vous ne demandez pas une réponse, mais une prise en compte du caractère politique de votre question. Vous avez raison, madame, au-delà de la technicité : politiquement, il faut savoir poser les choses. Mais le cadre de cet accord et la vision qu'on pourrait avoir à l'aune de la future création de la monnaie et tout ce qui va avec, y compris ses aspects politiques, seront largement déterminés par la volonté des États africains eux-mêmes d'asseoir une véritable souveraineté monétaire autour de cette monnaie unique. La France accompagnera en tant que de besoin, et si cette responsabilité lui est confiée.
Quant à ce que vous mentionnez à propos d'autres puissances, nous avons aujourd'hui une relation à refonder avec nos partenaires africains au regard de l'expansion de la Chine et, parfois, de la Russie, et de la place qu'elles occupent désormais. On voit ce qui se passe avec l'hégémonie russe en Afrique centrale, notamment en Centrafrique, et tout cela doit à l'évidence être pris en compte dans le cadre de la création d'une monnaie. Mais je pose la question : est-il de la responsabilité de la France aujourd'hui et à ce stade d'organiser cela pour les pays africains ? Il faut bien comprendre que ce qui motive ma conviction est qu'à partir du moment où des pays africains ont émis le souhait de refonder une partie de l'accord qui les lie avec la France – une partie, j'y insiste, parce que tout n'a pas été refondé – il faut savoir, je l'ai dit et redit, se limiter aux responsabilités que l'on nous confie. Nous en prendrons certainement d'autres à l'avenir, une fois que ces pays l'auront décidé – et peut‑être cette question en fera-t-elle partie.