La situation, disais-je, n'a plus rien à voir, ni en ce qui concerne les territoires palestiniens, ni en ce qui concerne Israël. Si le Hamas s'oppose à Mahmoud Abbas, c'est aussi parce qu'il n'accepte pas que le processus électoral ait été interrompu, alors qu'il a le sentiment – à tort ou à raison – d'avoir été victorieux. Israël connaît depuis deux ans une grande instabilité politique et institutionnelle. Les colonies se sont développées. Par ailleurs, les accords d'Abraham ont changé la donne.
La solution à deux États, que vous préconisez, fondée sur le référentiel de 1990, est-elle encore envisageable ? N'est-ce pas se bercer d'illusions que de le croire ? Vous connaissez la définition que donnait Lacan du réel : « c'est quand on se cogne ». En l'occurrence, la réalité à laquelle nous nous heurtons est complètement différente.
Il en va de même s'agissant de la position des États-Unis – pays que vous n'avez mentionné qu'à la fin de votre propos, ce qui est assez révélateur. Je me garderai bien de faire de la psychanalyse à deux sous ; il n'en reste pas moins que cet oubli est freudien, car, en vérité, ce conflit n'est plus du tout une priorité pour les États-Unis, au contraire de leur rivalité avec la Chine et la Russie, ou encore du nucléaire iranien. Du reste, cela laisse une chance à la France de jouer un rôle actif, ce que nous souhaitons.
Je voudrais donc que vous nous en disiez un peu plus sur le rôle que peut jouer la France et sur le processus politique que vous appelez de vos vœux. Certes, il faut que le dialogue reprenne, mais il importera ensuite de trouver une solution politique. Si le problème était simple à résoudre, cela se saurait. Il n'en demeure pas moins qu'on ne saurait attendre la prochaine crise, la guerre suivante. Cela ne satisferait ni les parties prenantes, ni les autorités françaises, ni le Parlement.