Intervention de Françoise Dumas

Réunion du mercredi 15 janvier 2020 à 18h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Mes chers collègues, nous nous retrouvons à nouveau pour auditionner ce soir, et avec beaucoup de plaisir, la ministre des armées, Florence Parly.

Je vous prie tout d'abord, Madame la ministre, de recevoir au nom de tous les commissaires, en dépit de la montée des menaces qui pèsent à cette heure sur la paix et sur la stabilité du monde, mes vœux de bonne et heureuse année.

Je vous remercie d'avoir accepté cette audition qui revêt pour nous une importance toute particulière, tout d'abord parce que le début d'année est une période propice à la fois aux bilans et aux initiatives nouvelles.

Elle est importante parce qu'elle a lieu dans un contexte géostratégique de crise – de nombreux observateurs ayant craint ces derniers jours, avec les frappes des États-Unis contre le général Qassem Soleimani, un embrasement du Moyen-Orient – qui suscite de très nombreuses interrogations.

Elle était également nécessaire parce qu'elle intervient quarante-huit heures après le sommet de Pau consacré à la situation dans l'espace G5 Sahel, dont vous avez salué la réussite, en estimant qu'un nouveau chapitre s'ouvrait avec lui.

Ce sommet, qui a réuni les cinq présidents des pays sahéliens, avait pour objectif avoué d'être un sommet de clarification et de remobilisation : clarification des objectifs et des méthodes, et remobilisation avec davantage d'action, de recherche, d'efficacité et de coordination. Ces objectifs sont-ils atteints, sachant bien sûr que la réponse définitive ne pourra être obtenue qu'au vu de la situation sur le terrain à moyen terme ? D'un point de vue strictement militaire, peut-on assimiler les décisions prises à Pau à une évolution stratégique ?

Quelles seront les missions dévolues aux 220 hommes supplémentaires promis par notre pays ? À quelles difficultés particulières doit répondre le futur groupement des forces spéciales, la task force Takuba ? Cette initiative rencontre-t-elle le succès que vous espérez ?

S'agissant des Européens, sous quelle autre forme ces derniers pourraient-ils nous appuyer davantage ? Disposez-vous d'informations sur l'éventualité d'un retrait américain de l'Ouest de l'Afrique et, dans l'affirmative, sur son calendrier ?

Il a été également question à Pau de l'importance à accorder au continuum sécurité et développement. Vous savez que vous êtes auditionnée par des commissaires à la défense, convaincus qu'il ne saurait y avoir de solution durable strictement militaire. La commission a ainsi confié une mission d'information sur cette problématique à deux de nos collègues, Jean-Michel Jacques et Manuéla Kéclard-Mondésir, qui nous présenteront leurs conclusions à la mi-février.

Le communiqué final du sommet de Pau établit un lien entre l'instabilité au Sahel et la crise libyenne, qui oppose les deux hommes forts du pays, Fayez El-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar. Avec l'intervention de forces étrangères de part et d'autre, qui serait de nature à accroître tant l'instabilité de la région que le risque d'établissement de camps djihadistes, les risques d'une internationalisation du conflit sont grands.

Êtes-vous optimiste au sujet du succès de la future conférence de Berlin, qui doit se tenir dans quelques jours en vue de trouver une solution politique à cette crise ?

Enfin, même si jusqu'à ce jour la riposte de l'Iran à l'assassinat du général Soleimani peut être considérée comme minimale, les tirs visant des bases américaines n'ayant pas fait de victimes, le risque demeure très important d'une escalade militaire : quelle est donc votre appréciation du risque d'embrasement de cette région ?

L'avenir de l'accord de Vienne sur le nucléaire semble par ailleurs de plus en plus compromis, même si l'Iran ne l'a pas encore formellement dénoncé : existe-t-il, dans un délai relativement court, un risque réel de voir ce pays se doter de l'arme nucléaire ?

L'impression domine que le monde danse sur un volcan et que les déséquilibres stratégiques peuvent aujourd'hui conduire à la résurgence de conflits majeurs.

Voilà, Madame la ministre, quelques-unes des principales questions que nous nous posons tous aujourd'hui et dont nous souhaitons débattre avec vous. Nous espérons de votre part des réponses d'autant plus libres et précises que nous siégeons à nouveau à huis clos.

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