Mes chers collègues, nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui les aumôniers en chef des armées en charge des cultes catholique, israélite, musulman et protestant.
La présence religieuse dans les armées est une réalité ancienne dont les fondements modernes reposent sur l'articulation des lois du 8 juillet 1880 et celle du 9 décembre 1905. Cette présence n'a jamais été remise en question et le ministère des armées a rédigé récemment, en novembre 2017, un livret « Expliquer la laïcité française : une pédagogie par l'exemple de la laïcité militaire », livret réactualisé en 2019 pour en présenter ses principes et ses particularités.
Cette ancienneté est l'occasion sans cesse renouvelée d'interroger la compatibilité de cette présence religieuse avec le principe de la laïcité, célébré par le Président Emmanuel Macron à l'occasion du 150e anniversaire de la proclamation de la République, le 4 septembre dernier, comme « un régime unique dans le monde, qui garantit à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire ».
Mais de fait, l'existence d'un service d'aumônerie n'est nullement en contradiction avec ce principe et peut même être décrite comme une composante de la laïcité française. La ministre Florence Parly le rappelait dans son discours présentant l'actualisation du livret sur la laïcité militaire en 2019 : « les aumôniers militaires, salariés par la République laïque, n'existent pas malgré la laïcité, mais bien en raison même de notre régime de laïcité… Leur présence ensemble sous le drapeau tricolore constitue une image forte de cohésion et de solidarité ». Et elle ajoutait : « la mission est la valeur cardinale des armées et chacun sait que la clé de la réussite de la mission, c'est la cohésion. Il n'y a pas de véritable cohésion sans respect de chacun dans ses croyances ».
Vous avez, messieurs les aumôniers en chef, un statut particulier au sein des armées, dérogatoire par rapport au statut général des militaires : vous êtes déliés de l'obligation d'assurer par la force des armes la défense de la Patrie et de l'obligation d'obéissance hiérarchique. Vous avez un grade unique, sans correspondance avec la hiérarchie militaire générale, un grade souvent qualifié de grade « miroir », c'est-à-dire que l'on considère que vous avez le grade de la personne avec laquelle vous parlez. Par ailleurs, l'ensemble des aumôniers militaires, au nombre d'un peu moins de 280 d'active et de réserve, sont gérés et administrés par le service du commissariat des armées ; ils relevaient avant 2012 du service de santé des armées.
Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui dépasse l'aspect purement réglementaire. Nous attendons de vous un témoignage de votre rôle au quotidien. Quelles sont vos missions ? Quelle est votre organisation ? Quelles sont les demandes auxquelles vous êtes confrontés et comment y répondez-vous ? Quel dialogue est le vôtre avec des camarades qui peuvent être amenés à donner la mort ou la recevoir au cours de leur mission ?
Je donnerai la parole à chacun de vous pour une intervention de cinq minutes et, à la suite de vos exposés liminaires, nous ouvrirons un débat avec les députés. L'ordre de vos interventions suivra l'ordre alphabétique des cultes.