Intervention de Françoise Dumas

Réunion du mardi 3 novembre 2020 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente, co-rapporteure :

Industrie stratégique, le secteur de la défense a été durement frappé par la crise économique déclenchée par la pandémie de coronavirus. Le constat dressé dans un rapport d'information récemment publié par nos collègues Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot, membres de notre commission, est sans équivoque. La crise touche aussi bien les pure players que les entreprises duales, qui sont très nombreuses, notamment dans les domaines de l'aéronautique, de l'espace et des technologies de l'information.

En réalité, la crise est double. En premier lieu, il s'agit d'une crise de l'offre. L'arrêt brutal de la production au mois de mars a considérablement dégradé la trésorerie des entreprises de ces secteurs, notamment celle des plus petites qui ont plus de difficulté que les grandes à recourir aux dispositifs nationaux d'aide. D'après l'évaluation réalisée par les trois groupements industriels de défense français, en liaison avec la direction générale de l'armement (DGA), plusieurs centaines d'entreprises sont exposées à des vulnérabilités. Le ministère des armées en a aidé 120 sur les 1 200 que la DGA a été amenée à suivre de très près. Le même constat vaut très probablement pour les autres États membres. En outre, même si l'activité a repris à un rythme quasi normal, c'est au prix d'une baisse de la productivité, en raison notamment de l'application du protocole sanitaire, dont résultent des surcoûts allant globalement de 10 % à 20 %, qui réduisent les marges et sont susceptibles d'affecter la compétitivité des entreprises, donc leur capacité à remporter des marchés à l'export.

En second lieu, le secteur de la défense est confronté à une crise de la demande. C'est particulièrement le cas des entreprises de la filière aéronautique et spatiale, notamment Airbus et Dassault Aviation, et de leurs sous-traitants, qui subissent les conséquences de la fragilisation de leurs principaux clients civils : les compagnies aériennes. Plus profondément, la crise de la demande est aussi alimentée par les incertitudes qui pèsent sur l'export, et par la difficulté de certaines entreprises à poursuivre leur prospection, en raison de l'annulation en série des salons internationaux et de la difficulté à se déplacer. Si les effets de ces commandes manquées se feront sentir à retardement, ils n'en seront pas moins réels. Enfin, il ne faut pas négliger les effets que pourrait avoir la crise sur les budgets des États européens, notamment le risque que le rétablissement des finances publiques pourrait faire courir à l'investissement public de défense, comme on l'avait vu après la crise de 2008.

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