Intervention de Françoise Dumas

Réunion du mardi 12 janvier 2021 à 18h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Mesdames les ministres, nous procédons avec vous à notre première audition de l'année 2021. Je vous remercie d'avoir accepté qu'elle soit ouverte à la presse. Au nom des membres de la commission, je vous souhaite une très belle année 2021, en formant le vœu, selon la formule consacrée, qu'elle soit propice au succès des armes de la France et qu'elle nous offre l'occasion de poursuivre la modernisation de nos équipements et le renouveau de la condition militaire, dont dépend l'efficacité opérationnelle de nos armées – je sais que vous y êtes très attachées.

La fin de l'année 2020 a été dramatiquement endeuillée par la mort de cinq soldats français engagés au Mali, au sein de la force Barkhane. La représentation nationale, après le président de l'Assemblée nationale cet après-midi, tient à leur rendre hommage et à s'incliner devant leur mémoire : le maréchal des logis Tanerii Mauri, les brigadiers Dorian Issakhanian et Quentin Pauchet, du 1er régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse, ainsi que le sergent-chef Yvonne Huyhn et le brigadier-chef Loïc Risser, du 2e régiment de hussards de Haguenau. Nous assurons leurs sœurs et frères d'armes de notre solidarité. En ce début d'année, pas plus tard que vendredi dernier, nous avons aussi déploré, toujours au Mali, six militaires blessés lors d'un attentat au véhicule piégé.

Ces morts et ces blessés nous obligent. Ils méritent plus qu'une simple réponse émotionnelle. Comme l'a rappelé le Président de la République, la mort d'un militaire pour la France n'est jamais vaine. Le sacrifice suprême pour notre pays et ses compatriotes témoigne du prix de nos libertés, de nos façons de vivre, de notre projet politique et de notre souveraineté. Accepter de l'assumer jusqu'au bout fait toute la grandeur de nos militaires.

Ne nous leurrons pas, le monde, en cette année nouvelle, n'est pas moins menaçant qu'en 2020. La crise de la covid-19 n'a provoqué aucune trêve dans les conflits en cours. Il faudra donc continuer à faire preuve d'adaptation et de réactivité face à l'évolution des menaces. L'opération Barkhane en constitue un bon exemple. Certes, les auditions récentes du commandant de la force conjointe du G5 Sahel, le général Namata Gazama, ainsi que des généraux Conruyt et Mille, ont été l'occasion d'évoquer les importants succès tactiques remportés au Sahel au cours des derniers mois. Toutefois, nul n'a jamais imaginé que l'action militaire serait susceptible, à elle seule, de stabiliser la région et d'éradiquer la menace djihadiste. Le prochain sommet conjoint de la France et des pays du G5 Sahel, prévu à N'Djamena le mois prochain, devrait être l'occasion de rappeler cet état de fait et de faire le point, un an après les décisions prises au sommet de Pau sur la configuration de notre engagement militaire.

Bien entendu, la présente audition n'a pas pour objet de préfigurer les décisions qui seront prises à N'Djamena. Toutefois, nous aimerions connaître votre analyse de la situation, ainsi que le bilan que vous dressez de l'application des décisions du sommet de Pau et les réponses que vous opposez au reproche d'enlisement que certains formulent, bien hâtivement à mes yeux. Nous aimerions également connaître votre sentiment sur la campagne de désinformation visant les frappes françaises menées près du village malien de Bounty. À ce sujet, la commission a récemment créé une mission d'information sur l'opération Barkhane, dont j'assure la présidence, et dont les co-rapporteures sont Mme Sereine Mauborgne et Mme Nathalie Serre. Trois autres missions d'information sont en cours ; elles portent sur les réserves, le personnel civil et les enjeux de la transition écologique pour le ministère des armées.

Madame la ministre, vous avez évoqué ce week-end un risque de résurgence de Daech en Syrie et en Irak. Pouvez-vous approfondir ces mises en garde ? Pouvez-vous également faire le point sur l'autre opération extérieure, dont on parle moins, mais qui est complémentaire de Barkhane, qu'est l'opération Chammal, menée au Proche-Orient et au Moyen-Orient ?

Enfin, nous aimerions obtenir des informations sur divers sujets d'actualité, tels que l'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, prévue pour cette année, sous une forme encore indéterminée – nous espérons fortement qu'elle emprunte un véhicule législatif. S'agissant de la base industrielle et technologique de défense (BITD), sur laquelle notre commission travaille beaucoup – une mission flash sur son financement est en cours –, nous souhaitons recueillir votre avis sur divers sujets industriels, comme l'avenir des Chantiers de l'Atlantique, les perspectives de vente de Rafale en 2021 et la coopération franco-allemande, sur le Système de combat aérien du futur (SCAF) et la réforme de la gouvernance de KMW + Nexter Defense Systems (KNDS), qui revêt à nos yeux un caractère fondamental.

Après l'intervention de Mme la ministre des armées, je donnerai la parole à Mme la ministre déléguée, qui est plus particulièrement chargée du monde combattant, auquel nous consacrons également une mission flash, et qui est l'incarnation de la solidarité nationale entre nos concitoyens comme de la solidarité entre les générations.

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