Intervention de Françoise Dumas

Réunion du mardi 9 février 2021 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Mes chers collègues, nous poursuivons notre cycle consacré au renseignement en accueillant le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT), M. Laurent Nuñez. Comme, la semaine dernière, celle des directeurs généraux de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), cette audition revêt un caractère particulier : elle est en présentiel et se déroule à huis clos, ce qui implique de notre part le strict respect de la confidentialité des propos échangés.

Monsieur le coordonnateur national, je vous remercie d'avoir accepté cette audition devant notre commission. Nous nous connaissons bien, je peux le dire, puisque nous sommes en contact régulier au titre de ma fonction de présidente de la délégation parlementaire au renseignement, mais je suis ravie de vous rencontrer également dans le cadre d'un échange avec les membres de la commission de la défense.

Chacun connaît votre prestigieux parcours de grand serviteur de l'État. Pour ne citer que vos derniers postes, vous avez été directeur général de la sécurité intérieure, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur et, depuis le 15 juillet 2020, vous avez succédé à M. Pierre de Bousquet de Florian en tant que coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Vous êtes donc, au sein de l'État, l'homme qui a la vision la plus complète à la fois de l'articulation entre les services de renseignement et de la diversité des menaces ; celui qui vérifie qu'il n'existe pas de « trou dans la raquette ». Votre expérience de préfet de police, en particulier, est précieuse pour le Président de la République comme pour le pays tout entier.

La menace est terroriste, votre fonction le souligne, mais pas seulement ; elle concerne aussi la subversion violente, l'ingérence économique et l'espionnage. Pour y faire face, un décret de 2015 classe la communauté du renseignement en deux cercles : les services dits du premier cercle, qui comprennent les services spécialisés, au nombre de six, comme la DGSE et la DGSI ; les services dits du second cercle, plus hétérogènes, parmi lesquels notamment la direction du renseignement de la préfecture de police, les services de renseignement territorial de la police et de la gendarmerie et les services du renseignement pénitentiaire.

Nous souhaiterions savoir comment vous faites en sorte qu'il n'y ait pas d'angle mort dans la lutte antiterroriste, comme dans les autres activités des services de renseignement. En quoi consistent exactement vos missions de coordonnateur et comment les différents services des premier et second cercles articulent-ils leurs actions de renseignement intérieur, extérieur, militaire, financier, douanier ou pénitentiaire ? Selon vous, avec tous les efforts qui ont été réalisés, ces services disposent-ils des moyens humains, matériels et juridiques nécessaires à leur action ?

La crise sanitaire a mis en évidence l'importance de prémunir notre indépendance et notre souveraineté nationales contre toute forme d'ingérence étrangère. Quels enseignements avez-vous tirés de cette crise ? A-t-elle entraîné des adaptations de nos actions ?

Nous sommes également intéressés par votre diagnostic sur l'évolution de la menace. Notre assemblée débat en ce moment même d'un projet de loi confortant le respect des principes de la République. Le Président de la République le disait le 2 octobre dernier, aux Mureaux : « Il y a un islamisme radical qui conduit à nier les lois de la République, qui conduit à banaliser la violence et qui a conduit certains de nos citoyens, de nos enfants à choisir le pire ou à considérer que le pire était devenu naturel, et donc à créer des conditions de dérives politiques mais aussi de dérives violentes, celles du terrorisme islamiste».

La menace islamiste est intérieure, alimentée par la propagande en ligne ; elle est aussi extérieure, en provenance des théâtres d'opérations, au Sahel et au Levant. L'ennemi se transforme, change ses méthodes, ses moyens d'action et les lieux où il sévit. Il serait utile que vous reveniez sur l'évolution de cette menace ainsi que sur la coopération de la France avec ses partenaires étrangers, qu'ils soient européens, américains ou autres, au Sahel ou au Moyen-Orient.

Dans un récent entretien télévisé, vous avez évoqué la menace qu'à la fois l'ultragauche et l'ultra-droite font peser sur la sécurité nationale. Vous pourriez nous faire part de l'action de la communauté du renseignement en ce domaine.

Je termine en renouvelant, au nom de tous mes collègues ici présents, l'hommage rendu à l'ensemble des agents des services de renseignement qui, chaque jour, risquent leur vie pour assurer la sécurité des Français. Leur action est tellement discrète, sinon secrète, qu'il est rare de pouvoir leur rendre directement hommage. C'est grâce à eux que, depuis 2017, une trentaine d'attentats ont été déjoués, soit un attentat par mois. On n'en parle pas, pourtant ce sont autant de victoires sur l'ennemi, parfois invisible, contre lequel de nombreux agents continuent de se battre, au péril de leur vie.

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