Un grand merci, chers collègues, pour la hauteur de vue et la hauteur de pensée dont vous avez fait montre tout au long de vos travaux. Je suis très fière d'avoir pu vous accompagner ans certains d'entre eux. Barkhane n'est effectivement que le premier pilier d'une stratégie plus large. Pour poursuivre votre propos, Madame la co-rapporteure, j'aimerais évoquer l'adjudant Thomas Dupuy, tombé me 29 octobre 2014 au Mali, dans le massif du Tigharghar : il fut le premier militaire « mort pour la France » de l'opération Barkhane. Dans un remarquable article paru dans la revue de l'armée de terre Inflexions, sa mère, Mme Marie-Christine Jaillet, directrice de recherche au CNRS, confiait : « Cette manière, la sienne, d'avoir mis en jeu sa vie pour lutter pour des valeurs que nous avons partagées, de paix, de liberté, de justice sociale, d'égalité entre les hommes et les femmes, me rend infiniment humble sur ma manière à moi de les porter, tellement plus confortable, plus légère. » Je crois que vous avez contribué à porter ce poids de la responsabilité et de l'engagement de nos militaires, de tous les militaires, qu'ils soient Européens ou membres des forces sahéliennes. Nous montrer mesurés dans nos jugements, telle est la première marque de respect que nous leur devons.
La voie tracée par la France, le G5 Sahel et la communauté internationale est la bonne. Barkhane est un socle militaire qui permet le développement des autres piliers qui conduiront à une sortie de crise, du moins si chacun reste mobilisé à la hauteur de ses engagements. Barkhane est en perpétuelle adaptation pour répondre aux enjeux sécuritaire, et peut dorénavant bénéficier des progrès de la démarche de sahélisation et d'européisation, comme vous l'avez démontré. Si le niveau de la menace n'est pas encore à la portée des seuls armées locales, un seuil a été franchi. La crise sahélienne est d'une telle ampleur que sa résolution ne se fera pas à court terme, comme vous l'avez dit. Nous sommes engagés dans une action de bien plus long terme, au service des États locaux et de leurs populations, mais aussi de l'Europe, non seulement dans son flanc sud, mais aussi dans son ensemble. Cette perspective doit être bien expliquée à nos concitoyens pour que leur adhésion garantisse l'engagement durable de l'Europe, condition essentielle à une amélioration significative de la situation. Ne nous trompons pas. Une partie de notre avenir se joue dans le sable du Sahel. Et il nous faut à chaque fois porter le regard le plus sérieux, le plus grave sur ces questions. Vous l'avez d'ailleurs démontré par les réponses précises que vous avez apportées aux nombreuses questions, légitimes, de nos collègues.