La réussite de la loi de programmation militaire tient aussi au moral des soldats et, comme l'a dit le général de Gaulle, « l'effort guerrier ne vaut qu'en vertu d'une politique ».
Notre pays est confronté à une grave crise sanitaire, économique et humanitaire. Les soldats et leur famille n'échappent pas à ses importantes conséquences sociales. En assurant les missions Sentinelle, nos soldats sont confrontés aux inégalités qui créent des frustrations et ouvrent la porte à la misère sur laquelle prospèrent les trafics en tous genres qui gangrènent le pays et génèrent de l'insécurité. Nombre de ces soldats doivent avoir le sentiment que cette insécurité est insuffisamment combattue et que notre belle devise nationale, Liberté, Égalité, Fraternité, ne s'applique plus aux territoires de la République touchés par ces phénomènes.
Au-delà de nos frontières, nos soldats sont amenés à faire front, à la demande des institutions républicaines, quand notre nation et nos ressortissants sont en danger. Ils le font trop souvent au prix du sang et toujours avec courage, abnégation, et au détriment de leurs proches qui vivent dans l'inquiétude de l'attente du retour.
Nous avons le sentiment que le désappointement parcourt les rangs car la situation se dégrade, inquiète, ce qui fait courir un risque de manipulation : certains brandissent ainsi le drapeau de la nation pour des causes anti-républicaines.
Ces observations me conduisent à trois questions : quelle est la part de réalité dans mes propos ? Nos soldats ont-ils le sentiment que leur sacrifice est insuffisamment payé de retour ? L'institution militaire est-elle ébranlée ?