Chers collègues, nous recevons l'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la marine, dans le cadre du cycle d'auditions relatif à l'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Il s'agit, notamment, de mieux nous préparer à la déclaration du Premier ministre qui aura lieu le 22 juin en séance publique, sur le fondement de l'article 50-1 de la Constitution. Cette déclaration sera suivie d'un débat et d'un vote.
C'est la deuxième fois que nous avons le plaisir de vous recevoir, amiral. Nous vous remercions vivement de votre présence. Nous souhaitons ne pas nous limiter au seul prisme budgétaire – même si nos attentes sont nombreuses en la matière –, car nous sommes attentifs à l'adaptation de la LPM à l'évolution des enjeux stratégiques.
Je retiens de votre précédente audition trois constats.
D'abord, l'usage stratégique de la mer est de retour : celle-ci est redevenue une zone de frictions, de démonstrations de puissance et sans doute, à l'avenir, d'affrontements. Ensuite, le fait qu'une marine s'entretient et se renouvelle en permanence : les marins passent, et les équipements vieillissent. Enfin, dans certains domaines, le besoin de retrouver de l'épaisseur, de la robustesse et de la résilience se fait sentir.
Ce dernier constat a d'ailleurs justifié, dès votre nomination, votre souhait d'accélérer le plan Mercator, lancé par votre prédécesseur. Cette accélération sera articulée autour de trois axes : la marine de combat, la marine de pointe et la marine de tous les talents. Le programme se traduit par neuf projets intitulés « amers » – au sens maritime du terme, bien entendu.
La revue stratégique a fait l'objet d'une actualisation. Comment les conclusions de cette dernière ainsi que l'accélération du plan Mercator s'inscrivent-elles dans les travaux d'adaptation continue de la programmation militaire ?
Quelles sont les conséquences spécifiques des annonces du Président de la République du 8 décembre dernier sur le choix d'une propulsion nucléaire pour le porte-avions de nouvelle génération, dont le coût global devrait avoisiner les 5 milliards d'euros, et dont l'admission en service actif est prévue en 2038 ?
J'en profite pour féliciter le groupe aéronaval pour la réussite de la mission Clemenceau 21, au cours de laquelle il a apporté sa contribution à la lutte contre le terrorisme, en intégrant l'opération Chammal, et à la liberté de circulation en mer Méditerranée. J'ai eu l'occasion de célébrer le retour du Charles-de-Gaulle à Toulon la semaine dernière, avec vous, avec M. le Premier ministre et avec Mme la ministre des Armées. Au nom de notre commission, je vous renouvelle mes félicitations ainsi qu'à l'ensemble des marins du groupe aéronaval.
Dans un entretien au Monde, vendredi dernier, vous vous inquiétiez du durcissement du comportement de la marine chinoise dans l'Indo-Pacifique. Cette zone est devenue le nouveau centre géostratégique du monde. Sa prise en compte dans la stratégie de défense française fait l'objet d'une mission d'information de notre commission dont les co-rapporteures sont Monica Michel-Brassart et Laurence Trastour-Isnart. Je reviens, pour ma part, d'une mission aux Émirats arabes unis, où j'ai pu échanger avec un responsable Indien. Quelle est votre perception de l'évolution de notre présence dans cette zone et de notre capacité à assumer pleinement la protection de nos intérêts régionaux ?