Intervention de Françoise Dumas

Réunion du mercredi 7 juillet 2021 à 10h10
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, nous sommes réunis ce matin pour entendre les conclusions de nos collègues Stéphane Baudu et Jean Lassalle sur « la guerre des drones ». Depuis le début de la législature, notre commission s'est intéressée de près aux drones, sans leur consacrer toutefois de travaux spécifiques même si plusieurs missions d'information ont mis en lumière les enjeux liés à l'essor de cette technologie.

Je pense particulièrement aux travaux de nos collègues Olivier Becht et Thomas Gassilloud sur la numérisation des armées, présentés en mai 2018, mais également à ceux de Jean-Jacques Ferrara et Christophe Lejeune sur l'action de l'État en l'air, rendus en juillet 2019. Je n'oublie pas non plus ceux de Claude de Ganay et Fabien Gouttefarde sur les systèmes d'armes létaux autonomes – les SALA – dont les conclusions nous avaient été présentées il y a tout juste un an, en juillet 2020.

L'évolution du contexte géopolitique ainsi qu'une série d'événements survenus au cours de l'année 2020 ont plaidé pour la création d'une mission d'information centrée sur les drones. Nous n'avons pas été les seuls à penser ainsi puisque la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat a adopté il y a une dizaine de jours son propre rapport sur la guerre des drones. Je n'y reviens pas en détail, car j'imagine que vous nous en parlerez longuement, Messieurs les rapporteurs, mais je pense comme référence importante au conflit qui a opposé, à l'automne 2020, l'Azerbaïdjan à l'Arménie, au Haut-Karabagh.

2020, c'est aussi l'année de la pleine effectivité de l'armement de nos drones Reaper, qui sont déjà aujourd'hui à l'origine de près de la moitié des frappes conduites au Sahel. Nous comptons également sur vous pour dresser un premier bilan de leur action.

L'objectif de votre mission était donc ambitieux.

Car s'intéresser à la guerre des drones, c'est à la fois se pencher sur l'opportunité opérationnelle qu'ils représentent, et étudier la menace qu'ils peuvent tout autant constituer.

La loi de programmation militaire a accordé une réelle importance au domaine des drones. Des efforts conséquents ont ainsi été fournis sur l'ensemble de la trame, des plus petits drones aux drones de moyenne altitude et de longue endurance (MALE) et, à plus long terme, aux futurs effecteurs déportés du système de combat aérien du futur (SCAF), les fameux « remote carriers ». Si la France et l'Europe ont largement manqué la révolution des drones, force est de constater qu'elles tentent aujourd'hui de rattraper leur retard. L'Eurodrone en est la traduction.

Je ne doute pas néanmoins que vous avez identifié des pistes d'amélioration en la matière, pistes que nous avons hâte de vous voir exposer.

Si l'essor des drones constitue une opportunité, il représente également une menace. Lors de son audition, le 4 mai dernier, la ministre des Armées nous a indiqué combien le conflit du Haut Karabagh avait révélé l'importance de la lutte anti-drones, apparue selon elle comme « un domaine opérationnel clé ».

Sur les théâtres d'opérations, nos armées constatent un emploi croissant des drones par les groupes armés terroristes, passés maîtres dans l'art de détourner et de bricoler des drones de loisirs.

Sur le territoire français, la lutte anti-drones (LAD) représentera l'un des enjeux majeurs de sécurité nationale au cours des années à venir, notamment dans la perspective de la Coupe du monde de rugby de 2023 et des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Car il faut dorénavant se préparer à affronter tant une menace d'origine étatique qu'une menace disséminée et fugace, à la frontière de la malveillance et du terrorisme.

Avant de vous laisser la parole, je tiens à vous remercier pour la grande qualité de votre travail et à vous féliciter pour votre investissement. En deux mois, vous avez mené 20 auditions de personnes d'horizons très variés, issues du ministère des Armées bien sûr, mais également des forces de sécurité intérieure, du monde de la recherche et de la base industrielle et technologique de défense. Vous avez également effectué trois déplacements : sur la base aérienne de Cognac, auprès du 61e régiment d'artillerie de Chaumont et à l'aéroport d'Orly. Mes remerciements s'adressent également au secrétariat de la commission. Sans plus tarder, Messieurs les rapporteurs, je vous cède la parole.

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