Vous l'avez évoqué, les États-Unis sont de plus en plus présents dans la zone Indopacifique, devenus pour eux la première priorité, notamment par leurs missions maritimes destinées à contrecarrer les ambitions chinoises en affirmant le principe de la liberté de navigation. Toutefois, si l'intention est louable, ces missions se traduisent concrètement par des incursions américaines non autorisées dans les zones économiques exclusives de certains pays alliés, comme l'Inde, ce qui contribue à tendre leurs relations bilatérales. Ces pratiques américaines sont-elles susceptibles, selon vous, de nuire à la crédibilité des États-Unis dans la région ?
Ma deuxième question porte sur nos moyens militaires dans la région et les coopérations que nous avons avec nos alliés, régionaux mais aussi européens. S'agissant plus particulièrement de l'Allemagne, sa position me semble évoluer. Ainsi, l'ancien ministre des Affaires étrangères allemand, M. Heiko Maas, a déclaré : « c'est en Indo-Pacifique que se décide la structure de l'ordre international du futur », conduisant à l'adoption, en 2020, d'une stratégie pour l'Indopacifique et, en 2021, par l'envoi d'une frégate, la Bayern. L'Allemagne a également fait part de son intention de participer, en août prochain, à l'exercice Pitch Black, le Chef d'État-major de la marine allemande laissant entendre que son pays allait s'impliquer plus encore dans la région au cours des années à venir. Quelle est votre analyse de ce renforcement de la présence allemande ? A-t-elle une vraie stratégie dans la région, que l'on pourrait associer à la stratégie française, ou cet engagement n'est-il, finalement, qu'un moyen de complaire aux États-Unis ?
Ma troisième question porte sur le changement climatique, auquel la région Indopacifique est particulièrement exposée. Ne serait-il pas logique que nos moyens militaires soient également mobilisés contre ses conséquences : tsunamis, cyclones…, voire les anticipent ? Dès lors, ne faudrait-il pas étendre nos coopérations en matière de sécurité civile ? Face à l'ampleur de l'éruption du volcan Hunga Tonga le 15 janvier 2022, la France, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont par exemple immédiatement activé le mécanisme « Franz », qui leur permet de coordonner leurs actions d'urgence en cas de catastrophe naturelle dans le Pacifique Sud. Avez-vous des informations sur l'état de nos coopérations avec d'autres pays de la région au-delà cette coopération tripartite ?
( Mme Françoise Dumas prend la présidence )