Messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, pour clôturer cette journée particulièrement riche et dense, nous avons le plaisir d'entendre les conclusions de nos collègues Jean-Jacques Ferrara et Philippe Michel-Kleisbauer sur les enjeux de défense en Méditerranée.
Notre commission a naturellement déjà eu l'occasion de s'intéresser à la Méditerranée, notamment à travers la récente mission d'information sur « la stabilité au Moyen-Orient dans la perspective de l'après Chammal » que j'avais eu l'honneur de présider, aux côtés de nos collègues rapporteurs Philippe Meyer et Gwendal Rouillard, qui abordait également la situation de certains pays méditerranéens au Levant.
Toutefois, au regard du caractère stratégique de cet espace et de l'évolution de son contexte géopolitique, il nous est apparu essentiel de consacrer une mission spécifique à cette zone, centrée sur les enjeux de défense.
Car la Méditerranée est en effet un espace stratégique en soi. Pour la France bien sûr : la Méditerranée constitue notre frontière, notre première approche maritime, de sorte que la protection de notre territoire, notre sécurité, notre stabilité se jouent aussi, évidemment, en Méditerranée. Un espace stratégique aussi pour ses 22 États riverains, rassemblant près de 520 millions d'habitants : la Méditerranée est un pont entre ces différents pays, ces différentes civilisations, dont le destin est irrémédiablement lié par cette mer qui les rapproche, qui les réunit, cette mer si importante dans notre histoire et notre patrimoine commun. La situation de chacun des pays riverains de la Méditerranée ne peut donc nous laisser indifférent : toute crise qui s'y déroule aura en effet tôt ou tard un impact sur la France et l'Europe, comme l'ont rappelé la crise migratoire de 2015 ou la résurgence du terrorisme.
Un espace stratégique enfin pour le reste du monde, en raison de l'importance des flux économiques qui transitent par la Méditerranée : celle-ci représente 25 % du commerce maritime mondial, 30 % du trafic pétrolier. L'obstruction du canal de Suez par l' Ever Given en mars 2021 a ainsi coûté au commerce mondial plus de 6 milliards de dollars par jour de blocage.
Or, ce pont entre les deux rives qu'est la Méditerranée semble être aujourd'hui devenu surtout « un pont entre l'Europe et des zones de tensions qui ne cessent de s'intensifier, de s'imbriquer et de se rapprocher », pour reprendre les propos du président de la République Emmanuel Macron dans son discours aux forces armées du 13 juillet 2020.
Le président poursuivait ainsi : « la zone Méditerranée sera le défi des prochaines années, tant les facteurs de crise sont nombreux : contestation des zones maritimes, affrontements entre pays riverains, déstabilisation de la Libye, migrations, trafics (…). Un jeu de nouvelles puissances s'y joue aussi ».
Dans ce contexte, l'enjeu est double, Messieurs les rapporteurs. D'une part, quelle est votre appréciation sur l'évolution des tensions et des menaces dans cet espace ? D'autre part, comment la France, et plus particulièrement nos forces armées, font face au défi sécuritaire que représente la Méditerranée ?
Avant de vous laisser la parole, je tiens à vous remercier pour la grande qualité de votre travail et à vous féliciter pour votre investissement au titre de ce rapport, comme pour l'ensemble des travaux que vous avez menés les uns et les autres dans le cadre de vos rapports budgétaires.
Dans le cadre de cette mission, vous avez effectué deux déplacements : l'un à Toulon, au centre des opérations de la marine ; l'autre en Italie, d'une part à Naples, au quartier général du commandement de forces interarmées de l'OTAN, et, d'autre part, à Rome, notamment au siège de la mission européenne IRINI.
Sans plus tarder, Messieurs les rapporteurs, vous qui êtes très attachés à la Méditerranée, tout comme moi, je vous cède la parole. Je vous remercie.