Intervention de André Chassaigne

Réunion du mercredi 16 février 2022 à 16h50
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Merci chers collègues pour ce rapport extrêmement précis et intéressant. Depuis l'antiquité, la Méditerranée est au cœur de conflits. Elle reste une zone où se déploie tout l'éventail des grands enjeux contemporains : stratégique, économique, énergétique, migratoire, juridique… Un constat : pendant que les puissances régionales investissent dans la défense, avec une présence croissante de la Russie et de la Chine, les capacités opérationnelles de nos partenaires européens tels que l'Espagne et l'Italie semblent se dégrader. Il est donc d'autant plus essentiel que la France maintienne de bonnes relations avec les pays et les peuples de cette région, représente un facteur de stabilité et joue un rôle moteur dans les relations UE-Méditerranée.

Ma question porte sur les relations franco-algériennes. Pour le ministre des Affaires étrangères algérien, M. Ramtane Lamamra, « les relations franco-algériennes dépendent du moment, sont bonnes ou mauvaises mais jamais banales ». Il est vrai que pendant ce quinquennat, nos relations bilatérales ont souvent été tendues, que ce soit sur les questions mémorielles ou sur notre coopération économique et sécuritaire en matière de chaînes d'approvisionnement. L'escalade des tensions avec le Maroc à propos du Sahara occidental n'a, par ailleurs, rien arrangé.

La remise en question de l'influence française s'amplifie, que ce soit dans le cadre des relations politique et diplomatique, de l'entreprenariat et de la relation commerciale, ou de nos liens avec l'armée algérienne. On dit que l'émergence d'élites arabophones formées au pays et n'ayant pas la culture francophone peut jouer dans cette dégradation. Sans doute y a-t-il d'autres explications que celles-ci. Néanmoins, dans un entretien avec des médias français le 5 février, M. Ramtane Lamamra a jugé que les relations franco-algériennes sont dans une phase « laborieusement ascendante ». Il a pris en compte la demande de réouverture de l'espace aérien aux avions militaires français. D'où ma première question : quelle est votre analyse sur nos relations avec l'Algérie ?

J'en viens maintenant à un aspect plus militaire. L'Algérie opère un réarmement massif, largement approvisionné par la Russie, mais aussi par la Chine. Entre 2010 et 2020, l'Algérie a dépensé 90 milliards de dollars en équipements militaires. Le pays dispose désormais de la deuxième marine la plus étoffée et la plus moderne de la rive sud de la Méditerranée, après l'Égypte, et a fait part de son intention d'acquérir auprès de la Russie des missiles anti-aériens S-500 et la quatrième génération d'avions de combat russes Su-57. Vu la coopération intensifiée entre les deux pays, y a-t-il, à votre connaissance, des relations avec les mercenaires russes présents au Mali ?

Enfin, depuis août dernier, les tensions entre le Maroc et l'Algérie montent : rupture des relations diplomatiques, révélations sur l'usage par le Maroc du logiciel israélien Pegasus, signature d'un accord sécuritaire entre le Maroc et Israël, fermeture par l'Algérie des vannes des gazoducs Maghreb-Europe. L'Algérie accuse le Maroc d'une guerre de 4e génération, d'importation massive d'armements et d'une alliance militaire d'un type nouveau ainsi que d'une vente drones d'attaques de la part d'Israël. Quel pourrait être le rôle de la France dans cette crise ?

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