Je suis sincèrement troublé par votre affirmation selon laquelle le PIA ne serait pas un outil de politique industrielle. Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce que le PIA ?
J'ai pour ma part expérimenté le PIA très en amont au niveau de la recherche. J'ai été invité à quelques réunions d'un LabEx et j'y ai été très choqué par l'utilisation de cet outil. Effectivement, celui-ci a eu comme vertu de permettre aux scientifiques d'acquérir de nouveaux équipements, de nouveaux moyens, de recruter des doctorants sur une voie nouvelle ou des post-doctorants sur une autre voie. Toutefois, il a été utilisé à destination d'équipes de très haute renommée qui disposaient déjà d'autres moyens, par exemple avec le Conseil européen de la recherche. On a donc rendu très riches un petit nombre d'équipes qui ont peu raisonné en termes de valorisation et de transfert et qui ont peut-être affaibli de surcroît notre tissu industriel. En effet, à travers l'acquisition de plateformes et d'outils de plateformes permis par le PIA, ils se sont retrouvés en concurrence directe avec des entreprises de services, qui n'étaient plus compétitives, ne serait-ce que parce qu'elles devaient payer des salaires.
Le modèle des SATT est intéressant. Cependant dans la santé, qui est mon domaine, si l'on est obligé de mettre en place l'agence de l'innovation en santé (AIS), c'est bien la preuve que les SATT ne sont pas parvenues à régler le problème. Ces dernières sont ainsi venues s'ajouter comme la feuille supplémentaire d'un millefeuille, sans soustraire quoi que ce soit au préalable, pour aboutir à une complexification de l'écosystème. Les collègues scientifiques qui auraient le souhait de valoriser se trouvent toujours dans l'attente de la mise à disposition d'un guichet unique. Là encore, on n'a parcouru que la moitié du chemin, en créant des SATT reposant sur des modèles économiques improbables. Ainsi, les SATT doivent gagner de l'argent ce qui, me semble-t-il, n'est pas du tout l'objet d'une structure de valorisation.
En revanche, un outil qui me paraissait vraiment pertinent, le Fonds unique interministériel (FUI) a disparu. Celui-ci permettait, à grande échelle, sur une vraie durée, avec de beaux partenariats entre le public et le privé, d'aboutir à des projets importants tels que la vaccination contre la leishmaniose grâce à la collaboration d'équipes du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l'industriel Virbac.