Intervention de Élisabeth Toutut-Picard

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 11h30
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Toutut-Picard, présidente :

J'entends tout à fait vos constats. La constitution de cette commission d'enquête, la mise en place d'un groupe interministériel, le groupe santé environnement (GSE), l'élaboration des PNSE, etc., prouvent que la problématique de la santé environnementale interpelle et que les politiques, mais aussi la société civile et les administrations, se sont malgré tout mobilisés, tant bien que mal certes, mais mobilisés tout de même.

Je comprends de votre discours qu'en quelque sorte, l'ensemble du système est « contaminé » – c'est le mot qui me vient à l'esprit – contaminé par une volonté à la fois sournoise, déguisée, connue ou inconnue, de laisser la chimie nous envahir malgré, en définitive, la mise en œuvre des politiques publiques.

Vous nous dites que les scientifiques ont besoin de discuter et de s'exprimer pour prendre des décisions et faire des propositions. Cependant, à vous entendre, la qualité des scientifiques est extrêmement variable, puisque vous avez donné un coup de griffe aux laboratoires universitaires en affirmant que certains étaient inféodés à l'industrie. Votre discours est un peu déconcertant, lorsque l'on souhaite essayer de trouver des pistes d'amélioration. À vous écouter, on a l'impression que l'ensemble du système est contaminé. Vous nous avez démontré que même la pensée scientifique, l'approche scientifique, la logique scientifique, qui vise à définir des DJA, est déviée dès le démarrage et n'est pas du tout scientifique. Dès lors, à quoi pouvons-nous nous raccrocher ?

Cette question me ramène à ma question initiale, à savoir qui sont les chercheurs du CRIIGEN ? Comment avez-vous réussi à garder votre indépendance non seulement intellectuelle, mais également financière ? En effet, actuellement, le système de la recherche est malgré tout très dépendant du financement, qui vient donc en partie du privé.

Quelle est l'instance scientifique qui, selon vous, pourrait être la vigie de référence, complètement hors système ou moins touchée par les aléas du système et des financements ? Cela me préoccupe parce que, si je comprends bien vos propos, l'ensemble du système est pourri. Par où devons-nous commencer ? Devons-nous nous radicaliser et révolutionner le système ou, au contraire, rester à l'intérieur du système, le démonter et l'améliorer et faire en sorte d'avancer pas à pas ? Quelle serait la route à suivre ?

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