Nous vous avons écouté avec beaucoup d'intérêt : vos propos sont très édifiants, je dirais même, « décoiffants ». Vous restituez le processus de connaissance dans un continuum tout d'abord historique. Vous dîtes que la science se pratique dans des contextes globaux qui favorisent tantôt un type de recherche plutôt qu'un autre et inversement en fonction de l'évolution des rapports de force intellectuels, d'approches ou de méthodologie.
Un politique n'est pas forcément un scientifique – ce n'est d'ailleurs pas sa vocation et tous ne le sont en tout cas pas – et il se tourne forcément vers la parole scientifique, quand il s'agit de prendre des décisions sur ces problématiques de santé environnementale. Vous venez de démonter une espèce de certitude aveugle que nous pourrions avoir dans toutes les certitudes scientifiques qui concernent les problématiques de santé environnementale. Ceci est d'autant plus dissonant que cela fait suite à des auditions au cours desquelles les personnes que nous avons entendues affichent visiblement des certitudes. Cela donne à penser et nous ne savons plus trop qui a raison ou pas.
Vous venez de nous expliquer que c'était une question d'approche méthodologique et d'évolution de la toxicologie. Nous avons entendu qu'il y avait une véritable évolution dans la toxicologie. Nous avons entendu, lors d'une audition, qu'il fallait refondre l'évaluation toxicologique. J'aimerais savoir ce que vous en pensez. J'ai hâte d'entendre vos propositions, car j'ai le sentiment que vous nous avez laissé au bord d'un gouffre et nous ne savons pas comment faire avec ce que vous venez de nous présenter.
Comment définissez-vous la dangerosité d'un produit ? La dose fait-elle encore le poison ? Nous avons bien vu que non. Dans quel sens pourrions-nous faire évoluer le débat en toxicologie ? Est-ce suffisamment contradictoire ? Comment pouvons-nous faire pour que cela évolue davantage ? Il y a urgence à ce que vous nous rassuriez, non pas dans le sens du déni d'une réalité, mais afin d'avancer.
Enfin, vous avez beaucoup parlé des SDHI et vous n'avez pas parlé du glyphosate. J'ai cru comprendre que ces derniers temps, la cancérogénicité du glyphosate était de nouveau remise en question et que Bayer avait obtenu de nouvelles études sur la cancérogénéité du glyphosate au niveau européen. Nous avons l'impression qu'il s'agit du rocher décisif. Lorsque nous croyons tenir une vérité, elle dégringole aussi vite. Je vous remercie de vos propositions.